Abbé Pierre : “la fabrique d’un saint”23/04/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/04/une_2960-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Abbé Pierre : “la fabrique d’un saint”

En 2007, à la mort de l’abbé Pierre, les milieux et publications catholiques posaient la question de sa béatification.

L’abbé n’était-il pas un témoin vivant de la foi, un bienfaiteur des pauvres, un combattant dévoué de la fraternité et de la charité, la personnalité la plus aimée des Français, le sujet d’un film et d’innombrables articles, livres, émissions hagiographiques ?

Tout président se sentait tenu de lui rendre périodiquement visite, tout personnage en vue d’être photographié à ses côtés. Pour ficeler la sainteté, il n’aurait manqué qu’un miracle certifié et un coup de pouce du Pape. Hélas, après quelques années, un coin du suaire s’est levé et la justice a eu à connaître des plaintes de nombreuses femmes ayant subi les agressions de l’abbé, depuis ses pénitentes jusqu’à ses infirmières. Puis, de plainte en plainte, on a su que ses proches, ceux qui faisaient fonctionner son association devenue une véritable institution, ne pouvaient ignorer son comportement, et donc le couvraient en toute connaissance de cause.

Deux journalistes qui ont voulu en avoir le cœur net sont allées consulter les archives, y compris celles du Vatican. Il ressort de leur livre Abbé Pierre, la fabrique d’un saint, paru le 17 avril, que non seulement le Vatican était parfaitement au courant (depuis 1955 !) mais que, tout en gardant le secret, il en avait averti le clergé français. Il apparaît aussi que l’abbé était, à vrai dire comme nombre de catholiques de sa génération, non seulement un pétainiste mais un antisémite bon teint. En outre l’abbé gérait personnellement et sans aucun contrôle une bonne partie des fonds collectés par son association. Pour ses œuvres, disait-il… œuvres de chair, peut- être.

Le Vatican a rapidement refermé ses archives, le clergé français n’a pas ouvert les siennes et tout ce petit monde continue à vouloir laver son linge sale en famille. L’Église, mais aussi la République, ses médias et tous les débitants de conformisme social ont les héros qu’ils méritent ou plutôt qu’ils fabriquent à l’usage du bon peuple.

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