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Leur société
Affrontements dans les quartiers populaires : la double peine
Nîmes, Limoges, Béziers, mais aussi de nombreux quartiers populaires, ont été en ce mois de juillet le théâtre d’affrontements entre la police et des groupes de jeunes organisés, parfois armés.
Face à ces bandes, liées au narcotrafic, police et autorités locales apparaissent de plus en plus impuissantes, sauf à proposer des mesures spéciales comme l’institution de couvre-feux pour les jeunes, qui s’accumulent sans rien régler mais qui dégradent les conditions de vie au quotidien.
Ainsi, à Limoges, après qu’une centaine de jeunes encagoulés et munis de barres de fer se sont lancés dans une guérilla urbaine, l’État a dépêché pour quelques jours une partie de la CRS 82, spécialisée dans la répression des violences urbaines et du narcotrafic. Quatre compagnies de ce type existent depuis 2021, sans que leur passage ait un véritable effet.
En France, le marché des stupéfiants génère au moins 3,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, et des estimations chiffrent à 240 000 le nombre de personnes vivant directement ou indirectement du trafic de drogue. Les patrons du narcotrafic sont bons payeurs et font travailler des très jeunes, parfois de 12 ans, pour de petites tâches, première étape à leur recrutement. Sur fond de chômage et de bas salaires, de parents au travail et d’ennui dans les quartiers, les réseaux continuent de se développer.
L’État dépêche des brigades de police pour des opérations spéciales qu’il veut visibles, mais l’ordre social, l’exploitation, la pauvreté dont il est le défenseur ont une grande part de responsabilité dans le développement du narcotrafic. Les couvre-feux pour mineurs mis en place par des maires et préfets sont devenus une habitude l’été et pendant l’année. Justifiées au nom de la « protection des enfants », ces mesures n’empêchent pas les réseaux de recruter et de gangrener la vie quotidienne. Le climat de violence qui s’instaure rend la vie insupportable pour les habitants. En avril, à Vaulx-en-Velin, un jeune a même été abattu en pleine journée près d’une école élémentaire.
À la situation des quartiers pauvres que la misère et les trafics gangrènent, la plupart des responsables politiques ne savent répondre que par des mesures policières et d’encadrement. Mais elles ont aussi une visée politique : elles reportent la responsabilité sur les familles et les parents, sommés de « tenir leurs enfants », une morale qui évite à dessein la critique d’une société en décrépitude.