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Leur société
Agences de l’État : Bayrou émule de Trump
Le gouvernement Bayrou, tout en critiquant les méthodes de Trump, fait exactement la même chose.
Kasbarian, ministre du gouvernement précédent Barnier, avait déjà clamé sur X qu’il aurait aimé s’inspirer de la méthode Musk et des coupes claires dans les services publics de son Département américain pour l’efficacité gouvernementale (DOGE).
Bayrou agit dans les mêmes termes. Il a mis en place, calqué sur le modèle de Trump, un projet global dit de « refondation de l’action publique ». Fin février 2025, les administrations de l’État ont reçu, à remplir sous trois jours, une demande de résumer leurs trois ou quatre missions essentielles et de les décrire en « langage grand public » pour justifier leur utilité. En parallèle, les parlementaires viennent aussi de lancer des auditions pour voir s’il est possible de fusionner des établissements publics, par exemple, l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) avec Santé publique France ou l’Ineris. En général, à chaque fusion, les crédits, les missions et le personnel sont réduits, sous couvert d’amélioration de « l’efficience » des services.
Bien sûr, les attaques en règle et les coupes dans les services publics bénéficiant à la population ne datent pas d’hier, mais là, elles sont sans frein. Le gouvernement ne se gêne pas non plus pour dénigrer ses propres agents. Ainsi, fin 2024, face à la colère paysanne et à leur prétendu étranglement par des normes, Bayrou et sa ministre de l’Agriculture Genevard ont critiqué le travail de ceux de l’Office français de la biodiversité, qui pourtant ne contrôlent que 0,4 % des exploitations agricoles par an, ou celui de l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) qui n’autorise pas assez de pesticides au goût de la FNSEA et de la Coordination rurale, les syndicats paysans qui dirigeaient le mouvement.
Ensuite est venu un projet de législation, la proposition de loi du sénateur Duplomb, soutenue par la ministre de l’Agriculture qui vise, comme l’indique le sénateur par le nom qu’il lui a trouvé, la « levée des contraintes pour les agriculteurs ». Il s’agirait, si le texte aboutissait fin mai, de retirer toute norme qui empêche le productivisme, sans être gêné de nuire à la santé et à l’environnement. Un comité spécial serait créé à cette occasion pour que la FNSEA explique à l’Anses quel dossier d’autorisation de pesticides elle doit traiter en priorité et quels sont les besoins des agriculteurs. Ce salmigondis de conflit d’intérêts rappelle le comité amiante, qui a fait perdurer l’emploi de ce cancérigène après l’identification des risques associés, dans le cadre d’un comité de gestion entre l’industrie et le gouvernement.
Par ailleurs, la loi d’orientation agricole adoptée début 2025 prévoit de « ne pas interdire les pesticides sans solution ». Si l’un n’est pas conforme mais qu’un agriculteur en a besoin, il devrait ainsi pouvoir l’utiliser. Éloquent ! Toute ressemblance avec l’emploi du chlordécone aux Antilles serait fortuite, bien sûr.
Cela se poursuit avec un projet de loi sur la « simplification de la vie économique » pour éliminer toute supposée entrave aux industriels. Des sénateurs ont par exemple, dans ce cadre, demandé la suppression de l’Observatoire de la qualité de l’alimentation. Dans une société où les trusts agroalimentaires font le marché et l’offre et où l’obésité par exemple et de graves maladies explosent, une instance devant surveiller l’évolution de la composition des aliments dans les rayons est de trop ! Le malade a la fièvre, qu’on casse le thermomètre !
Tout cela en dit long sur le pouvoir des industriels et du gouvernement à leur service.