- Accueil
- Lutte ouvrière n°2982
- Aides publiques aux entreprises : qui sont les assistés ?
Leur société
Aides publiques aux entreprises : qui sont les assistés ?
Après que le Sénat a évalué cet été les aides annuelles de l’État au patronat à plus de 211 milliards, Le Nouvel Obs publie à son tour une estimation qui se monte à 271 milliards d’euros.
Ces différences de chiffres n’ont rien d’étonnant car tout est fait pour cacher l’ampleur de ces aides. Elles proviennent aussi de leur multiplicité. Le Sénat en a même dénombré 2 267 ! Celles-ci sont constituées de subventions directes, mais aussi d’exonérations de cotisations sociales sur les salaires, d’allégements d’impôts comme le Crédit impôt recherche (CIR), de prêts gratuits ou à taux préférentiels, etc.
Pour justifier ces cadeaux, les gouvernements utilisent toujours le grossier mensonge selon lequel cela relancerait l’emploi. Mais comme bien sûr ils n’imposent aucune contrepartie aux patrons, ces aides relancent surtout leurs profits. Ainsi Michelin, qui a touché en 2024 au moins 140 millions de l’État, a fermé dans le même temps ses usines à Cholet et à Vannes, tout en versant 974 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires, plus qu’en 2023 ! Et on pourrait multiplier les exemples à l’infini : Stellantis, Sanofi, LVMH, STMicroelectronics, etc.
Ces cadeaux bénéficient principalement aux plus grands groupes capitalistes. Même quand les petites entreprises arrivent à toucher ces aides, celles-ci finissent en grande partie dans les caisses des plus grandes. Concernant le CICE, un cadeau fiscal créé par le socialiste Hollande en 2012, un rapport de l’organisme étatique, France Stratégie, a signalé que les petites entreprises « ont transmis une partie du CICE à leurs entreprises clientes ou donneuses d’ordres, en réduisant ou en limitant la hausse des prix des biens et des services ».
Ces cadeaux de l’État aux grands groupes sont aussi vieux que le capitalisme. Mais ces quarante dernières années ils ont fortement augmenté. Les exonérations de cotisations sociales sur les salaires payées par le patronat ont, par exemple, été multipliées par trois en dix ans et dépassent aujourd’hui les 75 milliards d’euros. Les aides de l’État aux entreprises représentent aujourd’hui presque 40 % de son budget. C’est autant d’argent en moins pour l’éducation, la santé, les transports en commun et tous les services utiles à la population.