Altice-SFR : le tribunal sauve la fortune de Drahi06/08/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/08/une_2975-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Altice-SFR : le tribunal sauve la fortune de Drahi

Le 4 août, le tribunal des activités économiques de Paris (nouveau nom du tribunal de commerce) a validé le plan de restructuration de la dette d’Altice France qui possède, parmi d’autres entreprises du numérique et des médias, l’opérateur téléphonique SFR.

Le principal propriétaire d’Altice, le milliar- daire franco- israélien Patrick Drahi, a bâti son groupe et toute sa fortune en achetant des sociétés à crédit, avec très peu de fonds personnels mais en empruntant des dizaines de milliards. La garantie offerte à ses créanciers était la valeur de l’entreprise rachetée. C’est un peu comme si un ménage convainquait son banquier de lui prêter, sans aucun apport initial, l’argent nécessaire pour acheter sa maison. Ce qui est impossible pour un travailleur au smic est une méthode courante pour un capitaliste qui a un bon réseau de relations, y compris jusqu’au sommet du pouvoir.

C’est par cette méthode que Drahi s’est offert SFR, vendue en 2014 par le géant Vivendi. Il a plusieurs fois renouvelé l’opération pour acheter de nombreux médias, dont RMC, BFMTV ou Libération en France, et des opérateurs dans divers pays. Drahi est ainsi actionnaire de British Telecom. Le groupe Altice France emploie quelque 35 000 salariés. Mais son endettement atteignait 24 milliards d’euros avant le plan de restructuration et était devenu insoutenable.

Pour rassurer ses créanciers (dont le fonds BlackRock), obtenir la suppression pure et simple de 8,5 milliards d’euros de sa dette, un rééchelonnement des 15,5 milliards restants et un long délai pour les payer, Drahi a proposé de leur céder 45 % du capital d’Altice. Pour réduire son endettement, Altice multiplie aussi les cessions de filiales, d’antennes de téléphones mobiles et autres infrastructures. BFMTV et RMC, vendues à Saadé (CMA-CGM), sont du nombre. C’est ce plan que vient de valider le tribunal de Paris, pour le plus grand bonheur de Drahi.

Pour les 8 000 salariés de SFR, ce plan contient la menace que leur entreprise, très rentable avec ses 25 millions de clients et son réseau installé sur tout le territoire, soit revendue par morceaux à ses concurrents. Free, Orange, Bouygues sont déjà sur la ligne de départ pour se les partager. Les différents syndicats du groupe Altice, tout comme le parquet, avaient donc réclamé que SFR et ses filiales, parce qu’elles ne sont pas endettées, soient exclues du plan présenté par Drahi. En refusant de les suivre, le tribunal de Paris permet à celui-ci de disposer à sa guise des plus beaux bijoux du groupe. La justice, le plus souvent intraitable avec des particuliers surendettés, est aux petits soins pour les milliardaires.

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