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- Lutte ouvrière n°2979
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Leur société
Appels syndicaux : non sans arrière-pensée
Le 29 août, les directions de tous les syndicats de salariés réunis en intersyndicale ont décidé d’une journée de mobilisation, « voire de grèves » le 18 septembre. Leur préoccupation première était visiblement de se démarquer de l’appel à la journée du 10.
Ce qui les préoccupe n’est pas tant l’idée de « tout bloquer » le 10, l’appel à ne pas consommer ou autre proposition, ni le fait qu’il soit issu des réseaux sociaux – la CGT a bien trouvé le moyen de lancer une simple pétition en ligne cet été contre le projet de budget – ni que cet appel émane de gens « nébuleux » comme le dit la secrétaire de la CGT Binet. Mais les directions syndicales n’admettent pas qu’une mobilisation naisse en dehors d’elles et surtout l’idée que des travailleurs puissent s’organiser et agir en dehors de leur contrôle.
Cet appel à la journée du 18 septembre est donc de la part des dirigeants syndicaux avant tout un contre-feu. Car après les annonces de Bayrou en juillet, on les avait très peu entendus. Et ni les uns, ni les autres ne se sont montrés vraiment préoccupés de préparer les travailleurs à riposter contre ces attaques.
La CFDT avait même décidé d’inviter Bayrou en personne à son université d’été. Ses dirigeants expriment leur méfiance vis-à-vis d’initiatives leur échappant mais, en revanche, ils trouvent normal de discuter avec les ennemis avérés du monde du travail. Il s’agit de maintenir l’illusion que grâce à eux, des compromis avec les gouvernants et les patrons peuvent être trouvés.
La CGT, elle, s’était contentée de la pétition intersyndicale contre le budget. Comme si cela pouvait suffire à faire reculer un gouvernement, sur un sujet aussi important que les milliards arrachés aux poches des travailleurs pour être redistribués aux capitalistes ! Les syndicats Solidaires aussi, après les annonces de Bayrou, ont mis en avant cette pétition. En juillet, leur prétendu radicalisme n’est pas allé au-delà de cette initiative et d’une vague idée de mobilisation en octobre face au budget Bayrou.
Ces dirigeants syndicaux ne méritent aucune confiance de la part des travailleurs. Ceux-ci devront s’en méfier car ils ne leur proposent que des voies de garage, tout comme ils devront se méfier des politiciens qui s’autoproclament leurs représentants. Ils voudraient que les travailleurs fassent tout tourner dans la société sans décider de rien, même pas de leurs propres luttes. Au contraire, pour ne pas être le jouet des uns ou des autres, les travailleurs devront prendre eux-mêmes leur sort en main et décider de tout, de leurs revendications, de leurs luttes, de leurs formes d’organisation.