- Accueil
- Lutte ouvrière n°2982
- Arnaque au CPF : l’exemple vient d’en haut
Leur société
Arnaque au CPF : l’exemple vient d’en haut
En 2018, la ministre du Travail Muriel Pénicaud présentait sa réforme du compte personnel de formation (CPF) comme une avancée majeure pour les salariés car, selon elle, elle inciterait les entreprises à participer davantage au financement des formations en créant des dispositifs dits d’abondement, autrement dit de contribution volontaire.
Cette réforme s’inscrivait dans une loi pompeusement baptisée « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel ». Elle transformait le CPF en un compte en euros, sauf pour les salariés du secteur public qui conservent un compte en heures. Le CPF des salariés du privé est alimenté par une contribution des entreprises, qui versent à la Caisse des dépôts 500 euros par an et par salarié à temps plein, avec un plafond de 5 000 euros. Pour les salariés les moins qualifiés, le montant est un peu plus élevé : 800 euros par salarié et par an, dans la limite de 8 000 euros.
Entre 2020 et 2023, ce dispositif a financé pour près de 9 milliards d’euros de formations. Mais, contrairement aux promesses de Pénicaud, les entreprises n’utilisent quasiment pas les possibilités d’abondement : dans la même période, elles n’ont ajouté que 62 millions d’euros aux versements obligatoires. En outre, ces abondements ont surtout bénéficié à des cadres et professions intermédiaires, et assez peu à des ouvriers et à des employés qui voudraient passer un diplôme pour trouver un emploi mieux payé. En effet, sans surprise, les patrons ne financent que les formations qui leur sont directement utiles. Cela n’a pas empêché le gouvernement Attal d’instituer en mai 2024 un reste à charge de 100 euros pour « responsabiliser les utilisateurs » !
La loi de 2018 comportait d’autres clauses, parmi lesquelles une augmentation massive des aides versées aux patrons embauchant des apprentis. Celles-ci ont explosé dans les années suivantes : en 2023, d’après la Cour des comptes, elles s’élevaient à plus de 16,8 milliards d’euros, contre 5,5 milliards d’euros en 2018. Ainsi, si les CPF n’ont pas été abondés, les aides aux patrons l’ont bien été, et massivement !