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Leur société
Arrêts maladie : une campagne mensongère
La campagne menée depuis des semaines contre les arrêts maladie évoque de prétendus abus des travailleurs et le soi-disant laxisme de médecins traitants.

Pourtant, un rapport de la Cour des comptes de mai 2024 explique les mécanismes qui ont conduit à une augmentation, non pas du nombre de jours d’arrêts maladie, mais du montant global des indemnités journalières entre 2017 et 2022. Trois phénomènes ont joué : l’augmentation du nombre de travailleurs en activité du fait en particulier du recul de l’âge de la retraite ; l’intégration au régime général en 2020 des 3,8 millions de travailleurs indépendants et de professionnels libéraux ; les augmentations de salaires à la suite de l’inflation.
Entre 2017 et 2022, les dépenses d’indemnisation des arrêts de travail pour maladie ont crû de 56 %, passant de 7,7 à 12 milliards d’euros, soit de 9 % par an en moyenne, contre seulement 3 % par an entre 2010 et 2017.
Le changement entre les deux périodes correspond à l’inflation et en particulier à ses conséquences sur le smic. Celui-ci a augmenté de 13,6 % de 2020 à 2023, contre 2,8 % par an dans la période précédente. Par conséquent, le montant des indemnités journalières a crû dans la même proportion, et l’indemnisation des 17 % de salariés au smic ou des salaires immédiatement supérieurs a augmenté automatiquement car l’indemnité journalière correspond à 50 % du salaire. Cela a aussi relevé le plafond de cette indemnité.
Du fait du recul de l’âge de départ en retraite, le taux d’activité des 50-64 ans a progressé de 11 % entre 2010 et 2021. En 2023, les travailleurs de plus de 55 ans gagnaient 32 % de plus que les plus jeunes. Quant aux nouveaux venus, les travailleurs indépendants, leurs dépenses se sont élevées à 369 millions d’euros en 2022, sachant que pour eux, le montant maximum de l’indemnité journalière dépasse celui concernant les salariés (63,52 euros contre 52,28 euros).
Sur les 12 milliards de dépenses de 2022, seuls 0,9 sont réellement dus à l’augmentation des jours d’arrêts de travail, qui concerne les anciens travailleurs usés par le travail. La durée moyenne des arrêts de travail indemnisés des 55-59 ans s’établissait à 53 jours en 2022, contre 29 jours pour les 35-39 ans. En maintenant les anciens au travail, les gouvernements ont voulu économiser sur les retraites. Mais en conséquence, une partie des dépenses glissent de façon inéluctable vers l’assurance maladie.
En théorie, une augmentation générale de la masse salariale devrait se traduire de manière automatique par une augmentation des recettes de l’Assurance maladie et donc un budget en hausse puisque davantage de cotisations sont versées. Ce n’est pas la conclusion du rapport qui dit, au contraire… qu’il faut revoir à la baisse les indemnités et lutter contre « les fraudes ». La Cour des comptes, placée sous l’autorité du Premier ministre, reprend la voix de son maître…