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Leur société
Arrêts maladie et congés : le patronat ne lâche rien
Mercredi 10 septembre, la Cour de cassation a confirmé que si un salarié tombe malade pendant ses congés payés et qu’il notifie à l’employeur son arrêt maladie dans les délais, il a le droit de reporter ses congés.

Cet arrêt de la Cour ne fait qu’imposer au patronat français de se mettre en conformité avec une directive européenne de 2003, qui affirme que « l’objectif du congé payé est de permettre aux salariés non seulement de se reposer, mais aussi de profiter d’une période de détente et de loisirs », tandis que le congé maladie a pour but « de se rétablir d’un problème de santé ». Conclusion : « puisque la maladie l’empêche de se reposer, le salarié placé en arrêt pendant ses congés payés a droit à ce qu’ils soient reportés. »
Il n’y a là rien de plus clair, mais, depuis 2003, tous les gouvernements, qu’ils soient de droite ou de gauche, se sont évertués à ignorer cette directive. Le patronat aura ainsi gagné 22 ans aux dépens des salariés, mais la question qui se pose maintenant est celle des arriérés. Le patronat, qui est en campagne contre la décision de la Cour, sait qu’il aura l’oreille du gouvernement. Au nom de cette même directive de 2003, celui-ci avait dû transcrire dans la loi du 24 avril 2024 le fait que les congés payés soient crédités y compris quand les salariés sont malades. Mais, au lieu d’imposer aux entreprises de prendre en compte systématiquement les arrêts maladie passés, le gouvernement a imposé aux salariés de faire la demande avant la date limite du 24 avril 2026 pour leurs arrêts maladie passés.
Dans sa campagne, le patronat est prêt à tous les mensonges et toutes les insultes. Le Medef fustige cette décision qui enverrait un signal « très négatif à l’heure où notre pays, confronté à la concurrence d’un monde ouvert, a besoin de travailler plus, et où l’on cherche à lutter contre les arrêts de travail abusifs ». Pour la CPME, le patronat des petites et moyennes entreprises, « il est parfaitement injuste qu’un salarié absent pendant une longue période bénéficie d’autant de congés qu’un salarié présent à son poste ». Le sens patronal de la justice, c’est que les travailleurs restent enchaînés à leur poste de travail le plus longtemps possible.
Le ministre de l’Industrie quant à lui s’est engagé à aider le patronat à limiter l’impact de la décision de la Cour de cassation. Il parle de « plafonner » la mesure ou de compenser celle-ci par de nouvelles exonérations de cotisations patronales.
Qu’il s’agisse du projet d’augmenter le nombre de jours de carence annoncé par Bayrou pour faire pression contre les arrêts maladie, ou de la menace contre les jours fériés, le patronat est à l’offensive pour que les salariés travaillent plus longtemps. Évidemment, c’est le moyen de tirer de leur travail encore plus de profit. Pour les salariés, la réduction du temps de travail reste un combat permanent.