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- Lutte ouvrière n°2959
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Leur société
Assurance-maladie : économies aux dépens des travailleurs
Comme par hasard, la Cour des comptes a publié, juste avant la tenue de la conférence sur les finances publiques, une note suggérant environ 20 milliards d’euros d’économies « possibles » d’ici 2029 sur la santé de la population.
Le système de santé craque de partout, des services d’urgences sont en détresse, le personnel des hôpitaux s’arrache les cheveux pour assurer les soins. Des lits ou des services entiers ferment faute de soignants, les déserts médicaux s’étendent, certains renoncent à se soigner faute de prise en charge, humaine et financière. Mais les hauts fonctionnaires de la Cour des comptes remettent tranquillement au gouvernement Bayrou un ensemble de solutions censées combler le « trou de la Sécurité sociale », autrement dit le déficit comptable de ses trois branches, maladie, accidents du travail et maladies professionnelles et autonomie (vieillesse).
Un peu de dramatisation ne nuisant pas, le président de la Cour, Pierre Moscovici, déclare que la situation n’est « plus soutenable », avant qu’un avis du comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’assurance-maladie, noircissant encore le tableau, soit publié un jour plus tard. Selon la note, les dépenses de santé progressent de 4,8 % par an depuis 2019 – hors Covid – et les rentrées ne suivent pas. Mais l’organisme propose des pistes comme autant de solutions possibles qui permettraient de « s’attaquer aux dépenses […] sans dégrader la qualité du service […] et même en l’améliorant ». Comme on peut s’y attendre, rien d’original n’apparaît dans ces pistes qui ne constituent qu’une aggravation des attaques déjà en place sur la santé de la population, surtout la partie plus pauvre, et du mépris envers les travailleurs de la santé.
Il est normal que les dépenses de santé augmentent d’année en année. L’inflation, tout d’abord, en est responsable, ainsi que la dégradation des conditions de vie et de travail et tout simplement le vieillissement de la population. Ensuite vient le prix exorbitant fixé par l’industrie pharmaceutique à certains médicaments dits innovants. Les recettes, quant à elles, n’augmentent pas quand les salaires stagnent et que les cotisations patronales sont régulièrement l’objet de dégrèvements âprement défendus.
N’empêche, l’ex-PS Moscovici et ses pairs s’en prennent à la santé des classes populaires. Car, s’ils envisagent de traquer une fraude due essentiellement à certains professionnels de santé, c’est surtout les patients qui sont ciblés. En évoquant un contrôle accru des arrêts maladie, en suggérant « d’encadrer » leur indemnisation, de diminuer encore le taux de remboursement des médicaments dits de confort, ou celui des prestations médicales des cures thermales – dont l’efficacité ne serait pas prouvée, selon la Cour des comptes – en augmentant la part restant à la charge des complémentaires, et donc fatalement des assurés, ces hauts fonctionnaires s’en prennent aux travailleurs, actifs ou non.
En suggérant de poursuivre les restructurations hospitalières – tous les travailleurs connaissent le sens du mot –, de cibler les petites structures qui disparaîtraient, ils s’en prennent également au personnel hospitalier et à celui des établissements de santé.
Venant couronner le tout, l’idée a été émise d’aligner les remboursements sur les revenus, sous prétexte de justice. Cela ne ferait que complexifier et diviser l’accès de tous à la santé. Mais prélever sur les profits faramineux du Big Pharma, des groupes de cliniques privées et des réseaux de laboratoires, ou augmenter la participation patronale à la santé de ceux qu’ils exploitent, il ne saurait en être question pour les sages, qui ne connaissent qu’une philosophie : faire payer les plus pauvres.