- Accueil
- Lutte ouvrière n°2982
- Bernard Arnault : il voit du rouge partout
Leur société
Bernard Arnault : il voit du rouge partout
L’un des ultra-riches, Bernard Arnault, à la tête du groupe du luxe LVMH, a réagi vertement à la proposition avancée par l’économiste Gabriel Zucman.

La taxe de 2 % proposée, sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, – soit 1 800 foyers fiscaux – est pourtant très symbolique .
Arnault avait laissé s’exprimer, en éclaireurs de la bande, les Michel-Édouard Leclerc et autres Patrick Martin du Medef (sans particule). La taxe dite Zucman serait un « épouvantail », pouvant lever « le drapeau de la révolte » et déclencher une « mobilisation de grande ampleur ». Thierry Breton, en bon défenseur de la grande bourgeoisie, mentait carrément sur la carrière universitaire de l’économiste, écarté de l’université de Harvard, aux États-Unis.
Coup de pied de l’âne, la deuxième fortune française (et septième mondiale, d’après le magazine Forbes) a déversé le 20 septembre son mépris inquiet dans les colonnes de l’hebdomadaire britannique Sunday Times. « On ne comprend pas, dit Bernard Arnault, les positions de Monsieur Zucman si l’on oublie qu’il est d’abord un militant d’extrême gauche. À ce titre, il met au service de son idéologie (qui vise la destruction de l’économie libérale, la seule qui fonctionne pour le bien de tous) une pseudo-compétence universitaire qui elle-même fait largement débat ». Et d’ajouter que l’économiste montre « une volonté clairement formulée de mettre à terre l’économie française. »
Que le multimilliardaire se rebiffe est assez logique. À la tête d’un patrimoine de 131 milliards d’euros, le propriétaire de Louis Vuitton, Dior, Moët Hennessy, Chaumet… qui vient de s’offrir pour 200 millions le petit bijou de l’Hôtel Cap Estel, une presqu’île privée près de Monaco, sans aucun rapport bien sûr avec les 275 millions d’aides publiques reçues par LVMH, ne tient pas à ce que son patrimoine soit taxé – à peine – davantage. Quant à ses revenus personnels, il n’en dit mot.
Il est vrai que, pour ces grandes fortunes, les revenus gagnent à être illico transformés en patrimoine professionnel par le biais commode des holdings familiales, et donc à échapper à l’impôt sur le revenu. Les 200 000 salariés du groupe d’Arnault auxquels il doit son indécente fortune apprécieront.