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- Lutte ouvrière n°2977
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Leur société
Borne à Mayotte : ministre menteuse
La ministre de l’Éducation, Borne, était en déplacement à Mayotte lundi 18 août, à une semaine de la rentrée scolaire dans l’archipel. Elle y a déclaré que les élèves seraient accueillis « dans les mêmes conditions qu’avant le cyclone ». Un mensonge éhonté.
Huit mois après le passage du cyclone Chido, malgré les promesses de l’État français, les travaux dans bien des écoles ne sont pas finis, voire n’ont pas du tout commencé. Borne l’a reconnu elle-même quand elle a affirmé par ailleurs que, dans le premier degré, « 90 % des élèves pourront être accueillis à raison de 24 heures de cours par semaine », les 10 % restants, plus de 6 500 élèves, un détail pour la ministre, bénéficiant de « dix heures au départ ». En réalité, la ministre n’en savait rien puisque dans bien des endroits, à une semaine de la rentrée, les enseignants ne savaient pas eux-mêmes comment l’accueil des élèves allait se faire. Il était en tout cas prévu que dans les établissements sinistrés, les élèves continuent à se partager les classes, matin pour les uns, après-midi pour les autres, ou seulement quelques heures par semaine. La FCPE, la Fédération des conseils de parents d’élèves de Mayotte, dénonçant cette visite comme une opération de communication, a boycotté la rencontre avec la ministre.
Si les travaux n’ont pas démarré, c’est aussi parce que l’État n’a débloqué qu’une infime partie des fonds prévus pour la reconstruction, arguant de dossiers mal ficelés, ce qui a mis bien des maires en colère. Comme le disent certains, si Mayotte était un quartier du 16e arrondissement de Paris, il n’y aurait pas tant de difficultés. Cette colère est partagée par toute une partie des enseignants. Les promesses que Borne leur a faites en janvier dernier n’ont pas été tenues. De nombreux postes sont toujours vacants, les conditions de travail se dégradent, un millier d’enseignants sur 8 000 n’auraient pas encore touché l’aide exceptionnelle promise après le cyclone. Et, question salaire, le gouvernement n’a toujours pas répondu à la revendication de revalorisation de l’indexation, le mécanisme permettant aux agents de la fonction publique de compenser le coût de la vie et les difficultés liées à l’éloignement.
Chido a dégradé les conditions de vie déjà bien difficiles dans l’archipel. Des milliers d’enfants d’immigrés, au moins 15 000, n’étaient pas scolarisés avant Chido et ne le seront pas plus. 30 % de la population n’est toujours pas raccordée au réseau d’eau potable. Au lieu de chercher à remédier à cette misère, le gouvernement a fait voter mi-juillet dans sa loi dite de refondation de Mayotte tout un volet contre les immigrés. Il montre comment l’État administre sa colonie : en faisant des cadeaux au patronat, des économies sur le dos des travailleurs et des plus pauvres, en traitant avec mépris leurs enfants et leurs écoles, et en cherchant à les diviser plus encore entre eux, en opposant les travailleurs avec papiers à ceux qui n’en ont pas.