Bouilloires thermiques : un mépris étouffant25/06/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/06/une_2969-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Leur société

Bouilloires thermiques : un mépris étouffant

Alors que les épisodes de canicule se multiplient, des millions de personnes vivent dans de véritables bouilloires thermiques, des logements où il est impossible de garder de la fraîcheur.

Dans les HLM, 40 % des habitants disent souffrir de la chaleur l’été, parfois tout simplement parce que les appartements ne comportent pas de volets : selon une enquête de l’Agence nationale de contrôle du logement social publiée en décembre, 13 % des foyers sondés n’avaient ni volet, ni brise-soleil. 20 % d’entre eux, particulièrement dans les petits logements, ne peuvent pas créer de courant d’air en raison de la configuration de leur appartement. Quant aux logements privés, ils ne valent pas toujours mieux : le manque de volets, les revêtements qui concentrent la chaleur comme le zinc des toits parisiens, les appartements exigus ne permettant pas une réelle aération, condamnent bien des habitants à subir des températures insupportables malgré des loyers ou des prix élevés. Les bouilloires thermiques sont d’ailleurs bien souvent aussi des passoires l’hiver et les mêmes foyers modestes souffrent en alternance de la chaleur et du froid. Les plus pauvres sont les premières victimes : d’après la Fondation pour le logement (ex-Fondation Abbé-Pierre), 37 % des ménages modestes déclarent souffrir de la chaleur dans leur logement, contre 20 % des ménages plus aisés.

Les solutions sont pourtant connues. Isoler les murs, poser des protections solaires, ou encore végétaliser les façades, les cours d’immeuble et les rues, sont autant de mesures efficaces. Mais le budget de la rénovation énergétique est loin des besoins : alors qu’Élisabeth Borne, lorsqu’elle était Première ministre, avait promis que l’État financerait 200 000 rénovations globales de logements par an, seules 91 000 ont été assurées en 2024. Dernièrement, le gouvernement a suspendu les subventions aux rénovations d’ampleur par le dispositif MaPrimeRénov’ et n’a maintenu les aides que pour les petits travaux, souvent insuffisants pour résoudre vraiment le problème.

Tout le monde sait que les épisodes de canicule vont se multiplier en raison du réchauffement de la planète. D’ailleurs, d’après la Fondation pour le logement, le nombre de personnes vivant dans des logements trop chauds a augmenté de 26 % depuis 2013. Cette proportion ne peut qu’augmenter dans les années à venir, puisque la lutte contre le réchauffement climatique se résume à organiser des sommets suivis de communiqués constatant que la situation est grave et qu’il faudrait faire quelque chose, sans jamais y consacrer les moyens nécessaires. Il est vrai que cela ne préoccupe ni les industriels du bâtiment, que la construction de logements de bonne qualité à des prix accessibles aux classes populaires n’intéresse pas, ni le gouvernement, qui se soucie davantage de financer l’armée que de faire baisser la température dans les appartements surchauffés des travailleurs.

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