Brésil : Bolsonaro condamné24/09/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/09/une_2982-c.jpg.445x577_q85_box-16%2C0%2C1287%2C1649_crop_detail.jpg

Dans le monde

Brésil : Bolsonaro condamné

Le 11 septembre, l’ancien président du Brésil Jair Bolsonaro a été condamné à 27 ans de prison pour avoir tenté un coup d’État après sa défaite électorale face à Lula. Six autres prévenus, anciens chefs militaires pour l’essentiel, sont également condamnés à des peines plus ou moins lourdes.

Une semaine après l’investiture de Lula, le 8 janvier 2023, Bolsonaro, prétextant que l’élection était truquée, a encouragé ses partisans à saccager le Congrès, la Cour suprême et la présidence de la République. Il a été mis en accusation pour tentative de coup d’État, et les juges chargés du dossier ayant estimé qu’il y avait un fort risque qu’il fuie (sans doute vers les États-Unis), ils ont décidé de le bloquer au Brésil avec l’interdiction de rencontrer la presse. Au mois d’août, il a même été assigné à résidence car il semblait avoir un plan pour rejoindre l’Argentine, aidé par le président argentin d’extrême droite, Milei. Les juges ont établi des preuves de l’existence de plans de coup d’État de Bolsonaro avec des membres de l’état-major de l’armée, agrémentés d’un projet d’exécution de Lula et d’autres dirigeants de l’État.

Bolsonaro et ses coaccusés ne sont pas encore en prison. Tous leurs recours ne sont pas épuisés. De plus, un classique au Brésil est qu’en de telles circonstances une loi d’amnistie soit émise par le Parlement pour faire table rase de telles condamnations. Sans compter que les élections présidentielles de 2026 pourraient voir arriver un nouveau président qui gracierait Bolsonaro et ses pairs.

Pour l’heure, la société brésilienne est agitée par le sujet. Des manifestations de soutien aux deux camps ont eu lieu, les plus nombreuses en soutien à Bolsonaro, notamment celle du 7 septembre, jour de célébration de l’indépendance du Brésil, qui a rassemblé des dizaines de milliers de manifestants dans les principales villes.

L’intervention de Trump, en revanche, est ressentie par les deux camps comme une ingérence dans les affaires intérieures du Brésil. Car le président américain s’est solidarisé avec Bolsonaro, dénonçant « une chasse aux sorcières ». Depuis début août, il a augmenté de 50 % les droits de douane sur certains produits brésiliens. Même la droite brésilienne, pourtant soutien de Bolsonaro, a condamné ce comportement et la popularité du président Lula en a été renforcée. Celui-ci a pris un ton menaçant et promis des représailles si Trump continue ses pressions, tout en disant avoir l’espoir de négocier. Les taxes annoncées par Trump sont un coup pour l’économie brésilienne du fait de ses exportations de café ou de viande vers les États-Unis, et même si celles de pétrole, de jus d’orange et d’avions Embraer sont épargnées.

Les dirigeants des États-Unis continuent de considérer le reste de l’Amérique comme leur chasse gardée. Non seulement la grande bourgeoisie nord-américaine l’a surexploitée, mais elle a bénéficié de l’intervention politique, et souvent militaire, de son gouvernement dans les pays d’Amérique latine pour faire prévaloir ses intérêts. Nombre de coups d’État militaires ont été fomentés par la CIA et ont rythmé l’histoire de ces pays, quand ce n’étaient pas des interventions militaires directes.

Depuis les années 1990, une vague de « démocratisation », au moins de façade, s’était répandue sur le continent américain. Mais les propos de Trump à l’égard des autorités du Brésil, le plus grand pays et le plus peuplé d’Amérique après les États-Unis, viennent rappeler que ceux-ci ont bien l’intention de continuer à imposer leur dictat à l’ensemble du continent ! Et la présence d’une armada américaine visant le Venezuela dans la mer des Caraïbes va dans le même sens.

Si l’on doit retenir une leçon de l’histoire, c’est que les dirigeants politiques, fussent-ils de gauche comme Lula au Brésil, sont un bien faible rempart contre les agissements de l’impérialisme américain. En 1964, un coup d’État militaire avait chassé le président brésilien, Joao Goulart. Goulart n’avait alors rien fait pour combattre sérieusement les militaires, qui avaient pu instaurer avec le soutien des États- Unis une dictature qui a duré jusqu’en 1985.

Si de telles velléités d’intervention se développent chez les dirigeants américains, les travailleurs du Brésil et d’Amérique latine en général devront d’abord compter sur leurs propres forces pour s’y opposer.

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