Bruit au travail : une exploitation assourdissante23/04/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/04/une_2960-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bruit au travail : une exploitation assourdissante

Selon une étude publiée par Santé publique France, portant sur la période 2007-2019, un travailleur sur cinq est exposé à des niveaux de bruits dangereux pour la santé. Chez les hommes, la proportion est même d’un travailleur sur trois.

Le fait que les ouvriers soient exposés à des niveaux de bruit insupportables et y laissent leur audition est aussi vieux que les usines. Mais cette étude, au moins, chiffre l’ampleur de cette atteinte à la santé des travailleurs. L’exposition au bruit augmente le risque d’accidents du travail en perturbant la communication et la concentration ; elle provoque des acouphènes, de la fatigue, des troubles du sommeil, des troubles cardiovasculaires et, parfois, des lésions auditives irréversibles allant jusqu’à la surdité. Ainsi, parmi les cinq millions de travailleurs qui subissent un niveau sonore excessif, 1,9 million est exposé à un « niveau lésionnel », supérieur à 80 décibels. Une perceuse électrique, par exemple, produit un son d’environ 90 décibels. Les secteurs concernés sont, sans surprise, le BTP, la mécanique, le travail des métaux, mais les travailleurs du transport, de la logistique et même du tourisme ne sont pas épargnés.

L’étude n’évoque pas les protections auditives, en raison d’un manque de données mais aussi, écrivent les experts, parce que « l’efficacité réelle des protections individuelles est parfois bien différente de ce que le fabricant peut annoncer. » Il est possible que des fabricants enjolivent les qualités de leurs produits, mais les premiers responsables sont les patrons qui refusent de payer pour des équipements adaptés, tels que des bouchons d’oreille sur mesure ou des casques de bonne qualité et suffisamment confortables pour pouvoir être utilisés en continu. Ils n’assument pas davantage les conséquences des maladies que provoque leur organisation du travail : en 2022, seules 320 atteintes auditives ont été reconnues comme maladie professionnelle par la Sécurité sociale. Une commission sur la sous-déclaration des accidents du travail et maladies professionnelles estime que 15 900 cas de surdité liés aux conditions de travail n’auraient pas été déclarés cette année-là.

Il paraît que « le silence est d’or ». Pour les patrons, c’est plutôt le vacarme.

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