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Leur société
Cachez ces stands que l’on ne saurait voir
Alors que l’édition 2025 du Salon international de l’aéronautique et de l’espace est, encore plus que les précédentes, placée sous le signe de la guerre, le gouvernement a fait bâcher plusieurs stands d’entreprises israéliennes qui présentaient de l’armement « offensif ».
La présence d’équipements militaires et d’armements qui servent en ce moment même à anéantir la population de Gaza, sous la houlette du Sibat, la direction de la coopération internationale du ministère israélien de la Défense, est en effet choquante et a suscité des réactions. Outre les élus de gauche du conseil départemental de Seine-Saint-Denis qui demandaient l’exclusion des entreprises israéliennes du salon, des associations avaient déposé des recours en justice – qui ont été rejetés – afin d’interdire la participation des entreprises impliquées dans les massacres à Gaza, mais aussi en Ukraine et au Soudan.
Le gouvernement a donc décidé de faire cacher les stands israéliens, tout en assurant que les entreprises restaient des exposants du Salon, à condition de ne pas exposer « d’armes offensives » et de s’en tenir à « des technologies de défense ».
Cette mesure est à l’image de toute la politique du gouvernement face à la guerre menée par Netanyahou : une désapprobation de façade pour cacher un soutien réel. Car, si Bayrou prétend que « la France a tenu à manifester que les armements offensifs ne devaient pas être présents dans ce salon » pour prendre en compte la situation « terrible pour les Gazaouis », Macron applaudit de son côté l’offensive de Netanyahou contre l’Iran : il semblerait que, là, les bombes tout à fait « offensives » relèvent de « technologies de défense ».
L’hypocrisie règne dans tous les stands de ce Salon de l’aéronautique et de la défense, où les contrats se signent en milliards. Les collaborations d’entreprises internationales, y compris françaises, avec l’industrie de défense israélienne sont nombreuses. Il en est de même de celles d’entreprises fournissant des régimes pourtant visés par un embargo, comme le Soudan ou la Russie. Et puis, au Bourget, on peut tranquillement présenter – et surtout vendre – des drones de « surveillance », qui permettront de repérer plus précisément les cibles à bombarder, ou bien les avions qui permettront d’aller semer la mort. Le tout se fait sans états d’âme et avec la bénédiction des autorités morales, puisqu’il s’agit d’équipements « de surveillance » ou « de défense ». La fable de la « guerre propre » et conforme aux droits de l’homme ne résiste pas à la réalité, mais elle continue de servir.