Canicule : dans les eaux brûlantes du calcul égoïste02/07/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/07/une_2970-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1264%2C1640_crop_detail.jpg

Leur société

Canicule : dans les eaux brûlantes du calcul égoïste

Même Retailleau, pointe avancée de la réaction cléricale et policière, l’a admis : la canicule de ce début juillet est une conséquence du réchauffement climatique. Mais là s’arrête la science du ministre de l’Intérieur.

Le réchauffement climatique est la conséquence de ce que les scientifiques nomment pudiquement « l’activité humaine » et qu’on pourrait plus justement décrire comme la course au profit privé. Les industriels, les rois de la mine et du rail, ont développé leurs affaires sans précaution, sans retenue et sans limite. Pour ne prendre qu’un seul exemple : qui, parmi eux ou parmi les gouvernements, s’est jamais soucié des conséquences de la multiplication des voitures individuelles, de l’organisation de la société tout entière autour de cette industrie et de ce moyen de transport ? Sans oublier l’urbanisation, la forme de vie sociale qui en découle, la pollution qu’elle implique et, finalement, le réchauffement de l’atmosphère qu’elle induit.

À un certain stade du développement industriel, devant l’évidence des dégâts de la pollution, une partie de la société et des scientifiques ont commencé à s’inquiéter, il y a bientôt un demi-siècle. Des lois, tardives, peu contraignantes, insuffisantes ont été votées dans quelques pays riches. Elles consistent essentiellement en un versement de subventions aux industries les plus polluantes pour qu’elles daignent se transformer. La crise s’est accentuée, la concurrence s’est aiguisée et ces mesures sont maintenant retirées au simple prétexte qu’elles obéreraient les profits. Cela concerne par exemple l’électrification des véhicules, le passage aux énergies renouvelables, la limitation de certaines mesures les plus polluantes dans l’agro-industrie, etc.

Aujourd’hui, l’État n’est même pas capable d’assurer la sécurité dans les salles de classe et les chambres d’hôpital et reste devant la énième et ô combien prévisible canicule comme une poule devant un couteau. En revanche, on assiste à une campagne concertée, depuis le quotidien Les Echos, propriété de Bernard Arnault, jusqu’aux ministres d’État et à Marine Le Pen, pour vanter l’achat de climatiseurs individuels pour les logements et l’équipement des écoles, bâtiments administratifs et entreprises en climatiseurs industriels. Avec cet argument suprême : l’électricité consommée par ces dispositifs ne polluera pas et ne réchauffera pas la planète car elle est produite dans des centrales nucléaires.

Au même moment, EDF est contrainte d’arrêter un réacteur car l’eau des rivières manque pour les refroidir ! En revanche, pour ouvrir de nouveaux marchés à des capitalistes prêts à se jeter sur l’affaire, sans aucune étude, aucune prévision et aucune responsabilité, les ministres, les éditorialistes à leur service et tout le monde officiel sont chauds bouillant.

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