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Leur société
Canicule au travail : le ministère du laisser-faire
La deuxième canicule de l’été depuis le 7 août a donné lieu à l’avalanche habituelle de bons conseils ministériels, de recommandations administratives et de constatations journalistiques.
Ceux qui l’ignoraient, et qui sont rares dans les quartiers populaires, ont ainsi pu apprendre que les travaux pénibles le sont encore plus lorsqu’il fait chaud, que les logements des pauvres sont moins bien isolés que ceux des riches et leurs quartiers, moins ombragés. Mais, pour ceux qui ne sont pas en vacances, le ministère du Travail veille, au moins sur son site.
Il propose une longue liste de recommandations de bon sens aux employeurs, dont certaines sont même présentées comme des obligations. Il est ainsi obligatoire de fournir de l’eau fraîche et potable en quantité suffisante aux travailleurs. Le ministère rappelle que l’inspection du travail a effectué 1 700 visites durant l’été 2024 au cours desquelles bien des situations « dégradées et alarmantes » ont été constatées, suivies, à 90 % par une observation écrite envoyée à l’employeur.
Le ministère relève que sept travailleurs au moins sont morts l’an passé des suites de la canicule et sait visiblement que ses quelques lettres n’ont eu aucun effet. Il propose donc aux salariés, lorsque la sécurité n’est pas respectée, de faire appel à l’inspection du travail ou au délégué du personnel. C’est pourtant ce même gouvernement qui, comme les précédents, n’a cessé de réduire le nombre et les possibilités d’intervention des délégués des travailleurs, de même qu’il a réduit les moyens et les droits de l’inspection du travail. Les 1 700 visites estivales dont il se targue représentent en tout et pour tout une moyenne d’une intervention pour 1 500 lieux de travail !
Nul n’est censé ignorer la loi, dit-on, y compris celle censée protéger quelque peu les travailleurs de la canicule. Mais aucune loi ne protège les trois millions de « micro- entrepreneurs » dont la majorité travaille en fait pour de gros voire de très gros patrons. Aucune loi non plus ne protège les travailleurs au noir dans le bâtiment, l’agriculture ou ailleurs ; aucun inspecteur ne vérifie l’état d’épuisement des livreurs à vélo, sous quarante degrés à l’ombre, ni celui des commis de cuisine ou des apprentis boulangers sans papiers.
Les vendanges commencent maintenant, en pleine vague de chaleur. Les recommandations ministérielles seront de peu d’utilité pour les 300 000 saisonniers coincés entre un soleil et un patronat aussi féroces l’un que l’autre.