Le ministre d’extrême droite de la Sécurité nationale, Ben Gvir, a aussitôt réclamé l’annexion immédiate de la Cisjordanie. Son collègue des Finances, Smotrich, a approuvé : « La seule réponse à cette démarche anti-israélienne est l’annexion des terres de la patrie du peuple juif en Judée-Samarie [le nom biblique que les partisans de la colonisation utilisent pour désigner la Cisjordanie] et l’abandon définitif de l’idée absurde d’un État palestinien. »

Ces discours des représentants de l’extrême droite qui impriment leur politique au sein du gouvernement israélien n’ont rien de nouveau. Au prétexte « d’éradiquer le Hamas », justification officielle des bombardements incessants et des massacres commis à Gaza depuis près de deux ans, ils ont été répétés régulièrement. Après le cessez-le-feu de mi-janvier 2025, l’intensification des opérations militaires en Cisjordanie, et donc de la colonisation, faisait partie des buts de guerre énoncés par l’état- major. La rupture de ce cessez-le-feu, décidée par Netanyahou en mars, a vu redoubler les appels à l’implantation de nouvelles colonies, en même temps que l’armée israélienne couvrait de plus belle les exactions et attaques des colons contre les villageois palestiniens, chassés de leurs terres et se défendant au prix de leur vie.

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis la guerre des Six Jours en 1967. Environ 3,2 millions de Palestiniens y vivent et, désormais, un demi-million d’Israéliens juifs installés dans plus de 130 colonies reconnues et même encouragées par les gouvernements israéliens successifs. Les accords d’Oslo de 1993 et 1995 ont bien été suivis de la mise en place d’une Autorité palestinienne, censée diriger les affaires de la population de Cisjordanie et Gaza, mais les dirigeants politiques d’Israël ont tout fait pour lui ôter tout pouvoir réel.

Israël va-t-il finalement annexer la Cisjordanie et Gaza ? S’il ne l’a pas fait jusqu’à présent, c’est bien qu’il y a un obstacle : l’existence d’une population arabe qui, au sein d’un État unifié, serait aussi nombreuse que la population juive et donc pourrait peser, à moins d’instaurer officiellement un système d’apartheid.

L’extrême droite israélienne est donc tentée de trouver une « solution finale » au problème posé par les Palestiniens, en les exterminant ou au moins en les expulsant. Mais voilà : depuis près de 80 ans, ceux-ci refusent obstinément de disparaître. Toutes les proclamations de Netanyahou n’y peuvent rien.