Conclave des retraites : mise en scène et rideau18/06/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/06/P3-1_2019_12_17_Manif_Retraites_48_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C492_crop_detail.jpg

Leur société

Conclave des retraites : mise en scène et rideau

La mascarade du conclave sur les retraites devait se terminer mardi 17 juin. Même si François Bayrou a décidé de la faire traîner encore un peu, son issue est déjà certaine. Le patronat et le gouvernement ont obtenu satisfaction sur tout, à commencer par le maintien de l’âge de départ en retraite à 64 ans.

Illustration - mise en scène et rideau

Cette conclusion était écrite depuis le début. Le 14 janvier, à l’issue de sa déclaration de politique générale, Bayrou nommé Premier ministre lançait cette idée d’une discussion de plusieurs mois entre patronat et syndicats sur la réforme décalant de 62 à 64 ans l’âge de départ en retraite. « Une discussion sans aucun totem ni tabou », affirmait-il. Il s’agissait en fait d’obtenir un accord de non-censure du Parti socialiste, garantissant à Bayrou une survie de quelques mois comme Premier ministre.

Quatre mois plus tard, le scénario touche à sa fin. Le patronat n’a bougé sur rien, et surtout pas sur le maintien de l’âge de départ à 64 ans. Les syndicats restés à la table après le départ de la CGT et de FO, c’est-à-dire la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC, ont reculé sur leurs rares prétentions et en sont aujourd’hui à revendiquer timidement en échange de leur signature quelques dérisoires aménagements à cette attaque frontale contre les travailleurs.

La CFDT voudrait que les travailleurs exerçant des métiers pénibles, ceux qui portent des charges lourdes ou sont soumis à des vibrations, puissent partir avant 64 ans. C’est le cheval de bataille traditionnel de cette confédération, l’alibi au nom duquel elle accepte des reculs pour l’ensemble des travailleurs, comme lorsqu’elle avait qualifié la réforme Touraine de 2014 de « mesure de justice sociale ». Sur le terrain, le patronat a vite fait de réduire à néant les conséquences pratiques de ce genre de mesure au nom de la difficulté à mesurer la pénibilité. Mais cette fois les organisations patronales ont refusé jusqu’à la fin du conclave une concession en la matière. De la même manière, la CFTC réclame que l’âge auquel les salariés peuvent partir à taux plein, même s’ils n’ont pas cotisé le nombre de trimestres nécessaires, passe de 67 à 66 ans. Elle n’a pas eu plus de succès.

François Bayrou, soucieux d’obtenir un accord entre syndicats et patronat, a fait lundi 16 juin une nouvelle proposition. Il s’agirait d’une « prime senior » versée aux salariés qui accepteraient de rester au travail. Le conclave va donc continuer encore quelques jours, le temps d’en discuter. Une nouvelle séance devrait se tenir lundi 23 juin. Il est évident que toute cette mise en scène entre Bayrou, les syndicats qui acceptent de se prêter à son jeu et le Parti socialiste n’est qu’un leurre à l’adresse des travailleurs. S’ils veulent pouvoir profiter dignement de leurs vieux jours, le seul espoir est dans la lutte qu’ils mèneront contre le patronat et les gouvernements à sa botte qui n’ont cessé de reculer l’âge de la retraite et de diminuer les pensions.

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