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Leur société
Congés : un droit toujours attaqué
Le 15 juillet, Bayrou a annoncé son projet de supprimer deux jours de congé, dans le cadre des 43,8 milliards d’euros qu’il veut prendre dans les poches des travailleurs.

Puis la ministre du Travail, Panosyan-Bouvet, a affiché sa propre version de la même idée : il s’agirait de revenir sur la cinquième semaine de congés payés.
La ministre parle en effet de « monétiser » cette semaine, un mot ronflant qui signifie simplement y renoncer et s’en faire payer le salaire, éventuellement avec une majoration. La ministre présente cette mesure comme non obligatoire et, bien entendu, en fonction du « souhait » des travailleurs. Or la faiblesse des salaires ou le « souhait » du patron pèsent bien plus.
Réduire les congés serait autant d’argent économisé par la classe patronale. Alors, le gouvernement mène campagne dans ce sens. Le président du Medef, Martin, lui a emboîté le pas, reprenant le fameux « travailler plus pour gagner plus », la vieille rengaine mensongère de Sarkozy. Bien des travailleurs ont fait l’expérience que dans la réalité, elle signifie plutôt : travailler plus pour gagner moins.
Le gouvernement, qui n’a que le mot travail à la bouche, sait pertinemment que la suppression de congés n’incitera en aucun cas les directions d’entreprise à embaucher, bien au contraire. Il sait aussi que la question des congés peut générer de la contestation, mais calcule sans doute qu’elle peut lui servir de chiffon rouge pour faire oublier les autres attaques annoncées : la saignée d’emplois dans la fonction publique, le doublement de la franchise sur les médicaments ou encore la non-revalorisation des pensions et des allocations.
La monétisation des congés existe en réalité déjà. Dans de nombreuses entreprises, dans les hôpitaux, il est possible de ne pas utiliser ses congés, qui sont stockés sur un compteur temps, et à la place de se les faire payer. Les modalités dépendent des conventions d’entreprise, et en dehors de celles-ci, le rachat de RTT est inscrit dans la loi depuis 2022. Mais bien des travailleurs constatent qu’il s’agit souvent d’un moyen de pression utilisé par leur direction pour limiter les congés.
Les congés payés ont été un des résultats de la grève générale menée par les travailleurs en juin 1936. C’est la peur qu’avait eue le grand patronat face à la force de la classe ouvrière qui l’avait amené à céder cette mesure qui, contrairement à ce que prétend une certaine légende, ne figurait d’ailleurs même pas dans le programme de la coalition de Front populaire. C’est bien cette combativité ouvrière qui doit revenir à l’ordre du jour.