La conscription et ce qu’elle révèle17/09/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/09/une_2981-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Dans le monde

La conscription et ce qu’elle révèle

La Rada (Chambre des députés ukrainienne) vient d’adopter le projet de loi aggravant les peines que les tribunaux militaires peuvent infliger aux soldats accusés de désertion ou d’absence non autorisée. Ils risquent désormais cinq à dix ans de prison.

Un média ukrainien indépendant, Strana, a demandé à des militaires ce qu’ils en pensaient. Sans surprise, les soldats et sous-officiers appelés sont hostiles à cette loi. Si, parmi les officiers, beaucoup soutiennent ces mesures, les mêmes font souvent remarquer que cela va pousser les « absents à l’appel » du matin à déserter pour de bon. En effet, depuis un an, s’ils revenaient et si c’était leur premier manquement en ce domaine, ils n’encouraient pas de sanction pénale. Maintenant, ce sera un « billet aller simple » : quel absent à l’appel voudra revenir sachant qu’il sera emprisonné ou qu’il se verra contraint de se cacher durant des années ou de chercher à s’enfuir à l’étranger ?

Ainsi font, de plus en plus nombreux, des jeunes hommes de 18 à 22 ans depuis que le gouvernement, voulant les amadouer, les a de nouveau autorisés à franchir la frontière. Le constat en a été dressé à la télévision par le président de la KPU (Confédération des entrepreneurs d’Ukraine). Il s’y est dit inquiet de voir, en cette rentrée universitaire, nombre d’étudiants poser une « année sabbatique » ou ne s’inscrire qu’en télé-enseignement pour pouvoir partir à l’étranger ou pour s’y préparer.

Les jeunes concernés disent ne pas croire le pouvoir quand il assure qu’il n’avancera pas l’âge de l’appel, alors que l’OTAN pousse en ce sens. Des médias relèvent aussi que la principale raison avancée par ceux qui restent dans le pays et leur manque d’argent pour partir et surtout pour vivre à l’étranger.

Ce sont fondamentalement ces mêmes causes matérielles et sociales qui font qu’en Ukraine, comme en Russie d’ailleurs, les membres des classes populaires sont sur- représentés parmi la troupe. Et ils le sont donc aussi parmi ceux qui laissent leur santé et souvent leur vie dans cette guerre pour défendre un système socialement injuste que les privilégiés et leurs rejetons préfèrent défendre de loin et avec la peau des autres.

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