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Leur société
Contrôles d’identité : discrimination et racisme ordinaires
Publiée le 24 juin, la dernière enquête sur l’accès aux droits, réalisée par Ipsos, révèle que les jeunes hommes noirs, arabes ou perçus comme tels sont en moyenne quatre fois plus contrôlés par les forces de police ou de gendarmerie.
Les résultats de cette enquête, qui porte sur une période allant de 2016 à 2024, n’ont rien de surprenant. La précédente, sortie en 2016, indiquait déjà que les contrôles policiers visaient en priorité les mêmes jeunes. La même année, l’État français avait d’ailleurs été condamné pour discrimination, à la suite des plaintes de plusieurs personnes, noires et arabes, contrôlées de façon ciblée et répétée par la police dans le quartier de la Défense à Paris. La Cour de cassation avait alors confirmé qu’en cas de soupçon de « contrôle au faciès », ce serait à l’administration de prouver qu’il n’y avait pas eu discrimination.
Mais, huit ans plus tard, la seule chose qui a changé est le nombre de contrôles, en hausse de 10 % d’après l’enquête. La police continue à cibler les personnes qu’elle contrôle non pas en fonction de leur comportement mais suivant leur couleur de peau et leur âge.
Le contrôle d’identité est un moyen pour la police d’instaurer un rapport de force et de montrer aux jeunes « qui commande ». C’est ainsi que des jeunes circulant dans leur quartier peuvent être contrôlés deux ou trois fois de suite par des policiers qui connaissent parfaitement leur identité ou qu’un autre rapporte avoir été contrôlé quatre fois en l’espace d’une heure trente de trajet dans les transports en commun de la région parisienne.
En 2012, le candidat « de gauche » Hollande avait promis de rendre obligatoire la délivrance par les policiers d’un récépissé lors des contrôles d’identité, afin de lutter contre cette discrimination « au faciès ». Comme de juste, le candidat devenu président avait enterré cette mesure, jugée trop compliquée à mettre en place.
En mai des sénateurs socialistes, retrouvant subitement leurs valeurs de gauche une fois retournés dans l’opposition, ont ressorti le récépissé des oubliettes dans une proposition de loi. Elle a, bien entendu, été rejetée par le Sénat et le gouvernement, où Retailleau et Darmanin rivalisent de démagogie sécuritaire et anti-immigrés, et encouragent ainsi les comportements discriminatoires et racistes de la police.