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Côte d’Ivoire : combattre l’ethnisme
En Côte d’Ivoire, les élections présidentielles doivent avoir lieu fin octobre. Le Conseil constitutionnel, aux mains de l’actuel président Alassane Ouattara, a rejeté les candidatures des principaux opposants, Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam.
Les principaux opposants dénient de leur côté à Alassane Ouattara le droit de se présenter à un quatrième mandat.
Sur la soixantaine de candidats qui avaient déposé leur candidature, seuls cinq ont finalement été retenus. Ils serviront de caution à un scrutin dont l’issue en faveur de Ouattara est connue d’avance.
C’est avec crainte que les travailleurs voient approcher cette échéance. En Côte d’Ivoire, les présidentielles riment avec menace de guerre civile. L’ethnisme est l’arme ultime de politiciens rivaux qui, derrière leurs discours éculés sur la lutte contre la pauvreté, ne se différencient en rien dans leur volonté de se remplir les poches. Tous ont pour seule ambition de permettre aux capitalistes de continuer à s’enrichir sur le dos des travailleurs, en se servant eux-mêmes au passage. Et derrière eux, l’impérialisme français veille au grain. En Côte d’Ivoire, les grandes entreprises françaises sont en terrain conquis et il n’est pas question que le pays prenne le même chemin que le Mali, le Burkina Faso ou le Niger dont la France a été brutalement évincée.
Après la sanglante guerre civile commencée en 2002, pendant laquelle le pays avait été coupé en deux, la contestation des résultats électoraux en 2010-2011 avait débouché sur des affrontements ethniques meurtriers. C’est l’armée française qui avait finalement assuré la victoire de Ouattara. Dans les quartiers pauvres, l’acharnement des politiciens à attiser les oppositions peut rapidement avoir des conséquences dramatiques et beaucoup de ceux qui y vivent envisagent d’aujourd’hui d’évacuer leur famille au village dans l’espoir de la protéger.
Conscients du danger mortel, des travailleurs font circuler un tract faisant appel à l’union de la classe ouvrière, que nos camarades de l’Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI – UCI) reproduisent dans le numéro de septembre de leur journal Le pouvoir aux travailleurs. Il y est écrit en conclusion : « Alors, nous qui habitons les quartiers pauvres, les cours communes, et qui avons vécu la barbarie et la violence dont ils sont capables, nous n’avons pas envie de les revivre encore une fois. Voilà pourquoi nous devons pouvoir compter sur la solidarité entre nous, au-delà de notre appartenance ethnique, nationale ou religieuse. Cela doit commencer par le refus de laisser la division et la haine se répandre parmi nous, les pauvres. Nous n’avons rien à gagner dans leurs histoires et surtout beaucoup à perdre. Alors, disons non à la xénophobie, non à l’ethnisme, non à tout ce qui divise les travailleurs et les pauvres entre eux ! Notre camp est celui de tous les travailleurs contre tous les exploiteurs et les politiciens, de quelque bord qu’ils soient. »
Tel est bien le seul enjeu de ces élections, qui ne sont, comme disent nos camarades de l’UATCI-UCI, qu’un « combat de crocodiles ». Cette unité des travailleurs est une question de survie, mais aussi un gage que pourront être menées les luttes collectives capables de changer leur sort.