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- Lutte ouvrière n°2959
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Leur société
Dégradation des hôpitaux : le gouvernement accusé
Une plainte a été déposée contre trois ministres par les proches de 19 professionnels hospitaliers qui se sont suicidés ces dernières années pour des raisons qui, en partie au moins, tenaient de la dégradation des hôpitaux.

Ces veuves et veufs n’entretiennent certainement pas trop d’illusions sur les éventuelles condamnations que la Cour de justice de la République pourrait prononcer contre les deux ministres chargés actuellement de la Santé et contre Élisabeth Borne qui, en tant que ministre de l’Éducation, chapeaute également les facultés et CHU où l’on forme les médecins.
Les plaignants actuels veulent « briser l’omerta ». Ils sont révoltés de s’être entendu dire par les directions hospitalières et les ministères que seules des causes extérieures à leur travail seraient responsables de la mort de leur proche. C’est la réponse classique du patronat qui ne veut pas reconnaître sa responsabilité dans les accidents du travail. C’est celle que les dirigeants de l’ancienne France Telecom, actuellement Orange, avaient donné suite à une série de suicides causés par la politique de suppression de dizaines de milliers d’emplois il y a un peu plus d’une quinzaine d’années et qui leur a valu récemment une condamnation définitive après un très long parcours judiciaire.
Le regroupement ou la disparition de services, de maternités ou d’hôpitaux entiers ; le sous-effectif et ses conséquences qui se traduisent en fatigue et heures supplémentaires ; la sous-traitance croissante du ménage, de la restauration et de bien d’autres activités soumises à la loi du profit ; le sous-financement des établissements hospitaliers censés devenir plus « productifs » en usant encore plus les travailleurs de la santé : tout concourt à rendre le travail du personnel hospitalier – assez peu payé au demeurant – difficile, pénible et parfois dangereux. C’est de cela que les ministres et les autorités sanitaires sont coupables, et depuis bien longtemps.