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Leur société
Dette : creusée pour le patronat, subie par les travailleurs
Mardi 15 avril, Bayrou avait convoqué un «comité d’alerte» sur la dette afin, dit-il, de mettre tous les citoyens devant leurs responsabilités face à ce problème et de préparer les esprits à une économie de 40 milliards dans le budget de 2026.

Des représentants du patronat, des syndicats, des organismes sociaux, des collectivités locales, des ministres et autres personnalités qualifiées (on ne sait de quoi ni par qui) ont donc pu papoter la matinée durant. Au bout du compte, Bayrou est arrivé pour conclure exactement de la façon annoncée.
De ses phrases prononcées de façon quasi automatique par tout Premier ministre qui se respecte, il est ressorti la potion habituelle. Il faut faire un effort car le pays est fortement endetté et s’endette chaque jour un peu plus. L’effort ne concernera ni le budget militaire, qui sera augmenté de trois milliards, ni le grand patronat puisque les impôts et les charges des entreprises n’augmenteront pas. Il n’y a eu évidemment aucune mention des cadeaux qui sont faits aux plus grandes d’entre elles, 200 milliards d’euros en 2024, soit cinq fois les 40 milliards d’économies que Bayrou prétend chercher. Le fait que ce sont précisément ces cadeaux au grand patronat, renouvelés d’année en année par tous les gouvernements, qui ont creusé la dette publique, n’a bien sûr pas été mentionné.
En revanche, les économies seront à trouver sur « la très grande dérive des arrêts maladie » et sur la « gratuité qui déresponsabilise » des services publics. Ces mesures, les seules un peu concrètes, comme les généralités habituelles sur « travailler plus, dépenser moins dans les services publics », visent exclusivement les travailleurs.
Bayrou a donc réuni ce comité pour annoncer qu’il poursuivait dans la voie de ses prédécesseurs depuis des dizaines d’années : subventionner le grand patronat, trouver pour cela des fonds en prenant sur les budgets publics, réduire par là-même le niveau de vie des classes populaires, favoriser tout ce qui permet l’exploitation au travail. La différence réside dans le fait qu’il veut faire avaliser ses mesures par les partis politiques, y compris en les adaptant à la marge, avant le 14 juillet. C’est-à-dire en fait avant le débat parlementaire, en septembre, devant une Assemblée sans majorité. «L’alerte» porte en réalité sur la survie politique de Bayrou et de son gouvernement.
Pour les travailleurs, dont l’emploi, l’avenir, la vie sont en jeu, cette survie ou non du gouvernement est une question de quatrième ordre et cette conférence un non- événement.