Deux siècles de déportation21/05/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/05/une_2964-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Deux siècles de déportation

La loi du 26 août 1792 créa le premier bagne à Saint-Laurent-du- Maroni, en prévoyant la déportation en Guyane des « ennemis de la Révolution française » à commencer par des ecclésiastiques.

Le blocus maritime imposé par l’Angleterre ainsi que les nombreuses épidémies qui s’y développaient entraînèrent l’arrêt du bagne.

Puis le Second Empire rétablit la déportation de prisonniers dans les bagnes de Guyane, de Nouvelle-Calédonie ou d’Algérie.

Jusque-là les bagnards travaillaient à Brest, Toulon, Rochefort et autres ports de guerre, aux travaux les plus pénibles, le désensablement, les charrois, le remorquage des bateaux etc. La machine à vapeur rendant leur travail inutile, les députés découvrirent à propos l’inhumanité de leur sort et les envoyèrent désormais travailler aux colonies.

En 1854, c’est encore une fois à Saint-Laurent que fut implanté un pénitencier. C’était un moyen d’occuper la rive droite du Maroni, pour faire face aux Hollandais qui construisaient sur l’autre rive du fleuve la ville d’Albina.

Sous la IIIe République les bagnes se développèrent à Cayenne, Kourou (les îles du Salut) et Saint-Laurent-du-Maroni où il y eut deux camps, celui dit de la transportation à Saint-Laurent même et celui dit de la relégation à Saint-Jean, un village proche. Les condamnés à plus de dix ans de bagne en Guyane, s’ils survivaient aux conditions et aux travaux forcés, devaient, une fois leur peine purgée, le même nombre d’années à la colonie pénitentiaire. Ils vivaient alors dans les villes de Guyane et devaient gagner leur vie, soit dans l’agriculture, soit en étant majordomes pour la bourgeoisie guyanaise ou européenne. Des femmes, souvent arrêtées pour prostitution, furent aussi envoyées au bagne. Au total, l’objectif était de fixer en Guyane des populations de bagnards qui ne pourraient jamais rentrer en Métropole et ainsi coloniseraient ce territoire.

À la fin du 19e siècle et au début du 20e, en plus des détenus de droit commun et des militants anarchistes, arrivèrent en Guyane des prisonniers coloniaux, ceux qui s’étaient révoltés contre le colonisateur, comme les Annamites d’Indochine. Un bagne fut dédié spécifiquement à 500 d’entre eux en 1931, suite à la révolte de Yen Bay.

Dès le début du 20e siècle, des voix s’élevèrent contre les bagnes, notamment celle du journaliste Albert Londres qui écrivit en 1924 le livre Au Bagne. Mais il fallut attendre l’après-Deuxième Guerre mondiale pour que la colonisation pénitentiaire s’arrête. Pour autant, les derniers bagnards ne furent libérés qu’en 1955, il y a tout juste 70 ans !

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