Domo – Saint-Fons : la colère monte06/05/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/05/P12-2_DOMO-_rassemblement_du_16_avril_2025_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Domo – Saint-Fons : la colère monte

À l’usine chimique de Domo Belle-Étoile au sud de Lyon, qui compte environ 650 salariés, la lutte des travailleurs se poursuit face aux 155 licenciements annoncés mi-mars

Illustration - la colère monte

Dans ces installations qui fonctionnent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, les travailleurs postés en 5x8 alternent du matin, d’après midi et de nuit sur cinq à six jours d’affilée, avec trois à quatre jours de repos après chaque cycle. Ces repos peuvent tomber en semaine ou le week-end. Le rythme est usant et instaure d’autant plus une solidarité entre eux.

Depuis le succès de la première distribution de tract lors d’un premier rassemblement le 8 avril, les postés ont pris des initiatives contre ces licenciements : un mouvement de débrayages reconductibles, qui arrête la production, a été lancé par ceux du nord de l’usine et ceux de la centrale thermique, ces derniers étant réquisitionnés par la préfecture. Le 16 avril, un rassemblement a été organisé devant l’usine à l’appel de la CGT et de la CFDT, avec la présence de délégations de militants d’autres entreprises et d’élus.

Précédemment, lorsque les travailleurs étaient allés porter leurs revendications au directeur, celui-ci avait cru clouer le bec d’un ouvrier revendicatif en lui disant « vous n’avez qu’à venir aux négociations ». Il a été pris au mot… par une soixantaine de travailleurs qui se sont invités à la réunion suivante le 22 avril. Ils ont rappelé leur exigence, peu relayée par l’intersyndicale, d’une prime de départ extra-légale d’au moins 80 000 euros pour tous, en plus de celle liée à l’ancienneté. Ceux des ateliers sud de l’usine, dont la fermeture n’est pas annoncée, ont pu entendre de la bouche de ce directeur qu’ils seraient quand même concernés par les licenciements. C’est le contraire de ce que laissait entendre leur hiérarchie qui cherchait à les tenir à l’écart du mouvement qui démarrait au nord.

Une nouvelle distribution de tracts massive a eu lieu au portail le matin du 28 avril. L’après- midi, une assemblée générale a regroupé une cinquantaine de travailleurs postés, après laquelle une partie des postés du sud, qui travaillent à l’extrusion du polyamide, une dizaine par équipe, ont décidé de débrayer deux heures par poste tous les jours. Ils ont dû déjouer un chantage de la direction, qui leur interdisait de changer la configuration de l’installation en cas de grève : se déclarer gréviste signifiait donc partir en laissant des installations dangereuses tourner, sans personne ou presque pour assurer la sécurité. Pour mettre un coup de pression, les embauchés en équipe de nuit ont décidé de débrayer deux heures en fin de poste et sont effectivement partis à 3 heures du matin, laissant le chef gérer l’installation avec l’aide de trois intérimaires. Dans la journée, ce fut une petite victoire de voir les représentants de la direction chercher à négocier dans la panique un nombre minimum de travailleurs qui resteraient en poste pour assurer la sécurité du site classé « Seveso seuil haut », tout en étant considérés comme grévistes.

Les initiatives se multiplient donc et face à ces patrons arrogants et rapaces les travailleurs de Belle-Étoile ne comptent pas se laisser mettre dehors sans rien dire !

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