Eau du robinet : les empoisonneurs06/08/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/08/Eau.jpg.420x236_q85_box-0%2C2%2C1200%2C678_crop_detail.jpg

Leur société

Eau du robinet : les empoisonneurs

Seize communes, réparties dans les Ardennes et la Meuse, et onze situées dans l’agglomération de Saint-Louis, dans le Haut-Rhin, sont confrontées à la pollution de leur eau par les polluants éternels, les PFAS, dont certaines molécules sont cancérogènes.

Illustration - les empoisonneurs

Dans les villages des Ardennes où la consommation de l’eau du robinet est strictement interdite, la pollution provient des boues d’une papeterie qui a fermé il y a un an. Pendant 30 ans, ces boues ont été utilisées par les agriculteurs pour fertiliser les terres. Mais les taux de concentration des PFAS, de deux à vingt fois supérieurs à la norme prescrite, montrent que le déversement de ces boues a largement dépassé les quotas prévus par le plan d’épandage et qu’il y a peut-être eu des enfouissements illégaux. Aujourd’hui, la multinationale qui était propriétaire de cette papeterie est bien sûr aux abonnés absents. Et c’est peu dire que les maires et les habitants se retrouvent seuls.

La préfecture des Ardennes a demandé aux communes de fournir deux litres d’eau par jour et par habitant, et leur a enjoint de mettre en place un « plan d’action dans les meilleurs délais » pour rendre l’eau conforme aux normes. Autrement dit, c’est « débrouillez-vous pour amener de l’eau potable à vos habitants » !

Depuis le 10 juillet, date à laquelle la pollution record a été découverte, les maires vont de déconvenue en déconvenue. Après avoir appris que leur commune avait servi de poubelle industrielle à la papeterie, ils ont appris que l’ARS, chargée de faire l’analyse de l’eau, leur avait caché depuis neuf ans l’existence d’une contamination. Et les voilà mis en demeure de dépolluer leur réseau d’eau ou de trouver de nouveaux captages, si tant est qu’ils existent. Tout cela sans moyens supplémentaires car il n’est pas question pour le préfet et l’État de mettre la main à la poche. Quand les communes demandent au préfet comment faire, il leur conseille de s’endetter et de faire payer les habitants en augmentant le prix de l’eau !

La colère monte devant tout ce mépris. Il en est de même dans le Haut-Rhin, où un collectif regroupant 400 personnes a déposé plainte pour « mise en danger de la vie d’autrui », « distribution d’un produit nuisible à la santé » et « infractions environnementales » contre l’agglomération et Veolia, qui ont caché une contamination depuis deux ans.

Devant ces scandales et sous prétexte de faire preuve de plus de transparence, l’État vient de rendre publique la carte de la pollution des eaux aux PFAS. Mais vu la façon avec laquelle il traite les victimes de cette pollution et vu sa complaisance vis-à-vis des pollueurs, il n’y a aucune confiance à lui accorder.

Le combat pour faire payer les véritables pollueurs et pour les empêcher de nuire ne passera pas par les institutions mais par la mobilisation et le contrôle que la population réussira à imposer sur les faits et gestes des irresponsables qui sont au pouvoir.

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