Écoles : promesses au congélateur02/07/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/07/P3-3_Canicule_%C3%A9cole_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C28%2C736%2C442_crop_detail.jpg

Leur société

Écoles : promesses au congélateur

« Ce n’est pas une directive depuis la Rue de Grenelle qui va régler le sujet », a déclaré Élisabeth Borne à propos de l’accueil des enfants dans les écoles les jours de canicule. En langage ministériel, cela signifie : « Débrouillez-vous ».

Illustration - promesses au congélateur

Alors que les vacances scolaires ne débutent que le 5 juillet, la vague de chaleur a transformé beaucoup d’écoles en saunas. Bâtiments mal isolés, sans volets ni stores, ventilation inexistante, cours de récréation sans ombre : au moins huit établissements scolaires sur dix — écoles, collèges, lycées — auraient besoin de travaux de rénovation pour rester vivables en cas de grosse chaleur.

En 2023, Macron avait lancé un plan promettant 40 000 rénovations thermiques des écoles en dix ans. Depuis, l’État n’en a financé que 2 289, et n’en prévoit que 65 en 2025. Car les crédits ont fondu comme un esquimau sur le bitume : le « fonds vert » créé pour financer les rénovations des bâtiments publics gérés par les collectivités territoriales, dont les écoles ne constituent qu’une partie, est passé de 2,5 milliards en 2024 à 1,15 milliard en 2025. Il est donc inévitable que les mêmes problèmes se reposent à chaque épisode de canicule.

Dans l’urgence, certains maires ont suspendu les cours : près de 1 900 établissements étaient fermés mardi 1er juillet. Cela reporte le problème sur les parents, en particulier ceux des classes populaires qui ne peuvent pas s’absenter du travail à leur guise, n’ont pas les moyens de payer une baby-sitter et ne peuvent compter que sur la solidarité de leurs voisins pour organiser la prise en charge de leurs enfants du jour au lendemain. Et comme beaucoup vivent dans des logements eux-mêmes inadaptés à la chaleur et dans des quartiers sans parc ni piscine, il n’est pas certain que les enfants y soient mieux qu’à l’école.

La plupart des mairies ont toutefois maintenu l’accueil des enfants, mettant les enseignants et les animateurs dans des situations insolubles. Car comment organiser des activités adaptées, par exemple des sorties dans des endroits aérés, non seulement sans encadrement supplémentaire, mais dans les conditions habituelles de sous-effectif ?

Quant au ministère, son aide s’est résumée à asséner des évidences, comme le fait de vérifier que les enfants ont à boire et d’éviter les salles les plus exposées à la chaleur… sans préciser où il faut se retrancher lorsque tous les locaux sont devenus des fournaises.

Les enfants, leurs parents et leurs encadrants ont ainsi pu vérifier que, face aux problèmes qui touchent les classes populaires, l’État reste de glace.

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