Enseignement : si l’instruction coûte cher, essayez l’ignorance23/04/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/04/une_2960-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Enseignement : si l’instruction coûte cher, essayez l’ignorance

Plus augmente le nombre de ministres qui se succèdent à l’Éducation, moins il y a d’enseignants dans les classes, pourrait-on presque dire. Et la sixième ministre depuis 2022, Élisabeth Borne, ne déroge pas à la règle.

En publiant le 19 avril le décret qui réforme les concours de recrutement des enseignants dans les écoles, collèges et lycées, Borne fait mine de s’attaquer au problème du manque crucial de professeurs. Dès mars 2026, il ne sera plus nécessaire d’être titulaire d’un master 2 (bac + 5) pour se présenter aux concours de recrutement des professeurs, pour le primaire comme pour le secondaire, collèges et lycées, une simple licence (bac + 3) suffira.

Borne prétend ainsi, en accord avec Bayrou, mettre en échec ce qu’ils nomment une crise des vocations, qui serait responsable de cette situation scandaleuse que connaissent bien des élèves et bien des parents : des semaines, voire des mois sans professeur dans une ou plusieurs matières. Les statistiques de la dernière rentrée scolaire sont parlantes puisque, dans le secondaire, des élèves se sont retrouvés avec des enseignants manquants dans près d’un établissement sur deux !

La « priorité absolue » à laquelle se réfère Borne ne semble pourtant pas être de « mettre un prof devant chaque classe », comme le promettait Macron en 2023. Ce n’est pas en ayant programmé 4 000 suppressions de postes dans le projet de budget 2025, dont plus de 3 000 dans les écoles primaires, que le problème allait se résoudre. D’autre part, prétendre que diminuer le niveau d’études exigé aux concours de recrutement permettra d’attirer les foules de candidats, c’est se moquer de tous, futurs profs, élèves et familles.

Ce ne sont pas deux années d’études supplémentaires qui dissuadent les jeunes d’exercer le métier d’enseignant, mais bien les conditions de travail et le salaire insuffisant, en particulier les premières années. Or, la réforme de Borne promet aux jeunes lauréats au concours un salaire royal de 1 400 euros net la première année, et de 1 800 euros la deuxième, alors qu’ils devront prendre en charge, seuls, une classe à mi-temps tout en continuant obligatoirement leurs études.

Le ministère, les académies, même les établissements pourront donc continuer à recruter au petit bonheur des professeurs par petites annonces ou par le bouche à oreille, et leur proposer un malheureux contrat précaire et mal payé. Les classes surchargées, la quadrature du cercle pour remplacer les professeurs absents, l’impossibilité de scolariser correctement les enfants porteurs d’un handicap continueront. La réforme de Borne ne fait qu’entériner un choix désastreux du gouvernement, consistant à faire par tous les moyens des économies sur l’école.

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