États-Unis : employés victimes du shutdown08/10/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/10/une_2984-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : employés victimes du shutdown

Depuis le 1er octobre l’État fédéral fonctionne au ralenti : c’est le « shutdown » (le blocage) provoqué par l’incapacité du Congrès de voter le budget 2026 en temps et en heure.

Aux États-Unis, l’année fiscale commence le 1er octobre, et le budget de 2026 aurait dû être en place à cette date. Mais la France n’est pas le seul pays à connaître une crise parlementaire. Outre-Atlantique, le Congrès – qui regroupe le Sénat et la Chambre des représentants – est divisé à parts presque égales entre démocrates et républicains. Ces derniers ont actuellement un petit avantage, mais pas les 60 % des voix qui leur permettraient d’imposer d’importantes coupes budgétaires dans l’assurance santé, point de blocage actuel.

En 2010, le président démocrate Obama avait obligé les Américains à souscrire une assurance santé privée. Parallèlement, il avait débloqué des fonds fédéraux pour permettre aux plus pauvres d’y souscrire. Cette loi, appelée Obamacare, avait ouvert un marché nouveau aux compagnies d’assurance, tout en fournissant une couverture maladie minimum à une vingtaine de millions de travailleurs qui en étaient privés jusqu’alors.

À présent, les républicains et Trump veulent faire des économies sur cette partie du budget fédéral, ce qui promet de renchérir le coût des assurances santé pour les plus modestes. Comme les démocrates refusent d’endosser cette responsabilité, les négociations pour faire adopter le budget sont bloquées, entraînant le shutdown.

D’autres shutdown ont déjà eu lieu : celui de 2018 a duré 35 jours. Le blocage actuel pourrait aussi durer, car Trump s’en sert comme d’une menace contre les fonctionnaires fédéraux qu’il n’a pas épargnés depuis le début de son second mandat.

Le shutdown empêche le renouvellement des crédits nécessaires au fonctionnement des activités jugées non essentielles de l’État. Alors que les agents de la police fédérale ICE, qui mènent la chasse aux immigrés, continuent d’être payés, de même que les soldats, des employés civils de l’armée sont menacés d’être mis au chômage. C’est aussi le cas de centaines de milliers – à terme jusqu’à 1,5 million – de travailleurs indispensables à la distribution de bons d’alimentation aux pauvres, au fonctionnement des services publics de santé, de parcs nationaux et même d’aéroports, etc. Ce sont eux que la bourgeoisie et son État jugent non essentiels.

En fait, c’est surtout le salaire de ces fonctionnaires que les gouvernants considèrent comme non essentiel car la moitié continuent de travailler sans être payés, avec l’espoir qu’ils le seront plus tard. Les autres sont en passe d’être mis au chômage non indemnisé, avec la crainte que leur emploi disparaisse définitivement, comme le laisse entendre Trump, qui se vante de supprimer 300 000 postes fédéraux d’ici à la fin de l’année.

Ce sont souvent des travailleuses noires qui occupent ces postes et sont ainsi attaquées. En effet, les emplois fédéraux sont plus stables et moins mal payés que ce que les patrons privés pourraient leur proposer. Sans ces emplois publics, ces femmes seraient vouées au chômage ou à la précarité et aux très bas salaires.

Ainsi le shutdown, au-delà du dysfonctionnement de l’État englué dans des péripéties parlementaires, vient s’ajouter à l’offensive générale que la présidence Trump mène contre la classe ouvrière.

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