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États-Unis : l’offensive policière de Trump
Depuis son investiture, Trump mène une campagne d’intimidation contre les immigrés. La crainte quotidienne d’une arrestation, déjà présente chez les sans-papiers, s’est brusquement étendue aux 22 millions d’étrangers vivant légalement aux États-Unis.
En février, 137 Vénézuéliens, arrivés légalement, ont été affichés enchaînés, rasés, avant d’être déportés sans procès vers la prison réputée « la pire du monde », au Salvador. Trump se réclame d’une loi de 1798, déjà utilisée lors des guerres mondiales pour arrêter des Américains d’origine allemande ou japonaise. Un tatouage anodin suffit à « prouver » l’appartenance à un gang, justifiant la déportation immédiate. En mars, l’arrestation du Salvadorien Kilmar Garcia, marié à une éducatrice américaine et résident légal permanent aux États- Unis, a créé l’émotion dans tout le pays.
Plusieurs juges ont déclaré ces arrestations illégales. La Cour suprême, qui a autorité d’après la Constitution américaine, a tranché pour le retour de Garcia, mais cela n’a eu aucun effet. Trump met en scène son mépris des décisions des juges comme les arrestations. Leur nombre n’a pas forcément augmenté mais, depuis deux mois, certains migrants renoncent à entrer aux Etats-Unis, où des millions d’immigrés vivent dans la crainte, évitent les magasins latinos, voire se terrent chez eux dès qu’ils sortent du travail.
La campagne d’intimidation vise aussi une catégorie d’étrangers plus privilégiés. En février, une dizaine d’étudiants d’universités prestigieuses, de nationalités palestinienne, turque ou sud-coréenne, ont été spectaculairement arrêtés, alors que certains étaient des résidents légaux permanents. Tous avaient pris publiquement l’an dernier une position pro- Palestine. L’avocat américain d’un des étudiants, de retour de vacances en famille, a été arrêté à l’aéroport et sommé par les agents de donner accès à son téléphone. Il n’a été libéré qu’après leur avoir donné la liste de ses contacts.
En avril, un millier d’étudiants, la plupart asiatiques ou latino-américains, ont vu subitement leur visa annulé et ont été sommés de quitter le territoire. Cette fois, aucun n’avait d’antécédent politique ni de dossier judiciaire. Le choix des individus semble aléatoire mais réparti sur tout le territoire, comme pour signifier à chaque étudiant étranger que cela aurait pu tomber sur lui.
Ces étudiants, issus en général de familles aisées dans leur pays, paient des dizaines voire des centaines de milliers d’euros pour faire des études d’ingénieur, de commerce ou de droit. En obtenant leur visa, beaucoup pensaient être tirés d’affaire. Le message est clair : si cela peut tomber sur eux, cela peut tomber sur n’importe qui. Cette vague de mesures policières vise à instaurer un climat de peur et de soumission. Les étrangers sont directement touchés mais, au-delà, toute la population peut se sentir menacée.
La méthode choisie vise aussi à tester l’obéissance de différentes institutions publiques et privées, des tribunaux aux universités, à qui est confiée la responsabilité d’appliquer des mesures arbitraires hors de tout cadre légal. Cette campagne qui foule ouvertement aux pieds le prétendu « état de droit » marque une étape supplémentaire dans l’évolution autoritaire du pouvoir. Quelques responsables s’opposent ponctuellement mais, dans l’ensemble, les institutions s’exécutent. L’offensive répressive n’est plus seulement un choix de Trump mais est avalisée par toute une partie de l’appareil d’État.