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- Lutte ouvrière n°2959
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États-Unis : protectionnisme, la folie d’un système
En décrétant une pause de 90 jours dans l’application des droits de douane massifs à presque toute la planète, Trump semble avoir fait volte-face et donne l’impression que la première puissance impérialiste est dirigée par un apprenti sorcier.
« Nous allons vers une récession », « ce n’est pas pour cela que nous avons voté », « nous risquons un hiver nucléaire économique » : voilà les propos du PDG de la banque JP Morgan sur Fox News et ceux de Bill Ackerman, l’un des milliardaires qui a financé la campagne de Trump. Ces grands bourgeois reprochent à Trump d’avoir provoqué la chute des Bourses, des attaques contre les bons du Trésor américain et de « détruire la confiance qui est la base des affaires ». Elon Musk lui-même, dont les actions se sont effondrées, s’est démarqué de son ami Trump.
Sur le fond, ces requins sont favorables à la politique du gros bâton destinée à « restaurer la grandeur de l’Amérique ». Dans une économie en crise, où la concurrence entre capitalistes pour vendre leurs marchandises et accéder aux matières premières est de plus en plus rude, ils souhaitent que l’État américain soit offensif pour modifier encore plus le rapport de force en leur faveur et affaiblir leurs concurrents, d’abord chinois. Les États-Unis avaient d’ailleurs développé une politique protectionniste bien avant le retour de Trump. Biden a versé des centaines de milliards de dollars dans le cadre de son plan IRA (Inflation reduction act) pour inciter les capitalistes à installer leurs usines aux États-Unis. Il a fini par interdire toutes les voitures électriques chinoises sur le sol américain après les avoir taxées à 28 %.
Trump s’est fait élire, notamment avec les voix des électeurs des classes populaires et le soutien financier des capitalistes américains, en annonçant qu’il allait intensifier le protectionnisme. En mettant en œuvre cette politique avec le cynisme et la brutalité dont il a fait sa marque de fabrique, il a provoqué un chaos financier. Le caractère outrancier et approximatif de ses annonces a provoqué la réaction brutale des spéculateurs, qui ont visé en particulier les 29 000 milliards de dollars de la dette publique américaine.
Trump a donc relâché la pression, tout en poursuivant son bras de fer avec la Chine, et en maintenant des droits de douane de 10 % pour tous les produits et même de 25 % sur l’acier et les automobiles. Autre recul, il a exempté les smartphones et les ordinateurs de la surtaxe de 145 % imposée aux autres produits chinois, au grand soulagement d’Apple et des géants américains du secteur de la Tech. Que fera-t-il dans 90 jours ? Rétablira-t-il de forts droits de douane contre les pays qui n’auront pas accepté de se soumettre d’ici là ? Comment réagira la Chine aux taxes américaines ? À qui vendra-t-elle les marchandises refusées aux États-Unis ? Ce protectionnisme exacerbé va-t-il provoquer une récession économique sévère ou déclencher de nouvelles attaques spéculatives ? Nul n’a les réponses à ces questions !
La seule certitude, c’est que l’agitation fébrile de la bande réactionnaire qui a été portée à la tête des États-Unis autour de Trump révèle l’incapacité de la bourgeoisie à trouver une politique capable d’empêcher son système sénile de foncer vers le chaos.