États-Unis : le “roi” Trump contesté par ses sujets18/06/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/06/une_2968-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : le “roi” Trump contesté par ses sujets

Ce sont peut-être plusieurs millions de personnes qui ont protesté dans les rues de 2 000 villes américaines, le 14 juin, contre la politique de Trump. Sous le slogan No Kings (pas de rois) ces manifestations prenaient le contrepied du défilé militaire organisé à Washington pour satisfaire l’ego du milliardaire président qui fêtait son anniversaire.

Les raisons de protester sont nombreuses. La guerre commerciale tout azimut et erratique, lancée par Trump au nom de la défense des travailleurs américains, n’a bien sûr pas augmenté les salaires d’un seul dollar ni réduit l’inflation, au contraire. Le budget soumis au Congrès menace la couverture santé de millions de familles populaires, alors que des employés publics qui traitaient les dossiers d’aide sociale ont été mis à la porte. La droite la plus réactionnaire a les coudées franches pour s’en prendre au droit à l’avortement, bannir certains livres des bibliothèques publiques, stigmatiser les minorités noires, asiatiques ou latinos.

Les arrestations de travailleurs sans papiers, à Los Angeles et ailleurs, révoltent toute une frange de la population. Ce ne sont pas les criminels des gangs qui sont expulsés, mais des membres de la famille, des collègues, des voisins. Pour se donner l’air de remplir au moins une promesse de campagne – celle d’organiser l’expulsion de millions d’immigrés – Trump a saisi l’occasion des premières protestations pour crier à la subversion et mettre en scène l’envoi de militaires à Los Angeles. Toutefois, alors qu’il proclame bruyamment qu’il a ordonné à la police fédérale de l’immigration de procéder à 3 000 arrestations par jour, une consigne plus discrète a été donnée de ne plus faire de raids sur les plus grandes exploitations agricoles et les abattoirs. En effet, leurs propriétaires y emploient beaucoup de sans-papiers et ne veulent pas que les affaires de leurs entreprises subissent les conséquences de la démagogie xénophobe gouvernementale.

Les manifestations du 14 juin étaient bien sûr en grande partie organisées par des appareils, associatifs et syndicaux, gravitant dans l’orbite du Parti démocrate. Les mots d’ordre et slogans dénonçant avant tout l’autoritarisme de Trump tendent aussi à faire oublier la responsabilité des démocrates, encore au pouvoir il y a cinq mois, dans la montée de la misère ainsi que dans la chasse aux travailleurs immigrés.

Un temps sonnés par leur défaite électorale, les dirigeants démocrates tendent à nouveau le futur piège électoral en se présentant comme la seule alternative à leurs concurrents républicains. Avec la tournée de meetings de Bernie Sanders et d’Alexandria Ocasio-Cortez, avec les manifestations anti-Trump, l’aile gauche du Parti démocrate cherche l’oreille des électeurs déçus de la présidence de Biden et d’Harris. Mais en même temps elle contribue à les rabattre vers ceux qui, s’ils gagnent à nouveau les élections, mèneront la même politique capitaliste. C’est ce que ferait le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, auquel ses protestations contre l’envoi de troupes à Los Angeles permettent de s’installer comme un grand opposant au président, en même temps qu’il reprend un langage suffisamment discriminatoire contre les transgenres pour plaire à la fraction de l’électorat réactionnaire déçue par Trump.

Tous ceux qui, à juste titre, veulent aujourd’hui manifester contre le président et sa politique autoritaire devront aussi apprendre à se méfier de ces faux amis.

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