Fast Fashion : éthique à géographie variable08/10/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/10/une_2984-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Fast Fashion : éthique à géographie variable

L’annonce de l’arrivée de la marque Shein dans des grands magasins en France a déclenché une avalanche de déclarations patronales contre les pratiques de l’entreprise chinoise … comme si elles étaient différentes dans les autres entreprises du secteur.

C’est la SGM (Société des Grands Magasins) propriétaire de quelques magasins Lafayette et de la marque BHV qui vient de conclure un accord avec l’entreprise Shein.

Visiblement, elle pense trouver son intérêt à lui permettre d’exposer ses vêtements au BHV, en plein cœur de Paris, et dans cinq magasins Galeries Lafayette d’autres villes.

L’adjoint à la mairie de Paris en charge du commerce a demandé à la SGM de renoncer à cet accord. « Associer » l’image du BHV Marais, incarnant « la qualité du commerce parisien » à « une multinationale de l’ultra fast fashion revient à cautionner un modèle fondé sur l’exploitation sociale, l’opacité des chaînes d’approvisionnement [...] » explique-t-il.

Étrange souci vraiment venant de gens qui se moquent du sort des travailleurs comme de leur première chemise !

C’est tout le système qui mériterait d’être dénoncé. Toutes les entreprises du secteur réduisent leurs coûts à toutes les étapes de la fabrication des vêtements, pratiquent la sous-traitance en cascade et imposent aux ouvrières et ouvriers des conditions de travail insupportables.

Les ONG ActionAid France et China Labor Watch ont exposé dans leur enquête la surexploitation qui règne dans des ateliers fabriquant pour Shein.

Dans ceux situés à Guangzhou en Chine sont pratiquées des rémunérations à la tâche allant de 0,06 à 0,27 centime d’euro la pièce, les journées de travail peuvent aller jusqu’à 16 heures, les contrats de travail sont absents.

En 2013, l’immeuble vétuste du Rana Plaza, à Dacca, capitale du Bangladesh, s’effondrait faisant 1 138 morts. Ces ouvrières du textile travaillaient, en sous- traitance, au risque de leur vie, pour les firmes Benetton, Zara, Primark, Walmart, Auchan, Carrefour.

En février dernier, le magazine télévisé Cash investigation révélait le recours au travail forcé des populations ouïgoures dans l’une des usines sous-traitantes travaillant pour Décathlon, propriété de la famille Mulliez.

C’est aussi pour le compte de la marque de luxe Loro Piana, filiale de LVMH, qu’en Italie des employés d’ateliers sous-traitants, souvent sans papiers, travaillent jusqu’à 90 heures par semaine…

Elle est actuellement placée sous administration judiciaire par des magistrats milanais pour ces faits, mais la présence de cette marque au BHV ne fait pourtant pas scandale…

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