Fast-fashion : une loi qui protège les profits… bien de chez nous04/06/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/06/une_2966-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fast-fashion : une loi qui protège les profits… bien de chez nous

Les associations écologistes qui se sont mobilisées pour obtenir une loi freinant la « fast-fashion », cette tendance des industriels de l’habillement à produire de façon frénétique de nouveaux modèles, n’ont pas vraiment de quoi être satisfaites.

Dans les mains des députés et surtout des sénateurs, cette loi est devenue un moyen de favoriser les industriels français et européens contre les industriels chinois.

Pierre Condamine, un des représentants des Amis de la Terre, une des principales associations à l’origine de cette loi, dit clairement qu’elle est devenue « juste un texte protectionniste ». Dans une interview, il explique sans détour qu’en changeant les critères fixant les pénalités financières, la loi vise à écarter les groupes chinois, comme Shein et Temu, pour favoriser Zara, Kiabi, Decathlon ou Primark.

À l’origine, il y avait la volonté de ces associations de réguler la production de vêtements en prenant en compte des critères écologiques et sociaux, dont la lutte contre les bas salaires dans les pays où les grandes marques sous-traitent leur production. Mais le résultat est de laisser le champ libre aux producteurs français et européens qui sous-payent tout autant leurs salariés que Shein ou Temu.

Des responsables politiques, comme la sénatrice de droite Sylvie Valente- Le Hir, rapporteure du texte au Sénat, se chargent de faire avaler la pilule à la population, en prétendant que ces groupes « font vivre les centres-villes ». Mais, comme l’explique très bien le représentant des Amis de la Terre, ces mêmes grands groupes « ont détruit des milliers d’emplois dans les commerces de l’habillement avant l’arrivée des marques d’ultra-fast-fashion chinoises ».

En effet, en une dizaine d’année, 37 000 emplois ont été supprimés dans ce secteur. Durant la même période, Zara a doublé son chiffre d’affaires, de 20 à presque 40 milliards d’euros, celui de Kiabi est passé de 1,7 à 2,3 milliards d’euros et celui de Primark de 300 millions à 1 milliard d’euros. Qu’importe, ces groupes ont désormais un label de respectabilité décerné par l’État.

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