La fin de la guerre du Vietnam : une défaite cuisante pour l’impérialisme américain06/05/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/05/une_2962-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

il y a 50 ans

La fin de la guerre du Vietnam : une défaite cuisante pour l’impérialisme américain

Le 30 avril 1975, les soldats du Nord-Vietnam prenaient Saïgon, la capitale du Sud. Les derniers Américains présents s’enfuyaient en hélicoptère du toit de leur ambassade devant les caméras du monde entier. La guerre du Vietnam était enfin finie.

Durant trente longues années, la population avait dû lutter contre l’armée française puis celle des États-Unis, pour gagner son indépendance au prix de millions de morts. Car l’Indochine coloniale – regroupant les Vietnam, Laos et Cambodge actuels – avait été considérée comme la perle de l’empire français tant l’exploitation des travailleurs y avait enrichi des capitalistes comme Michelin et les actionnaires de la banque d’Indochine. En 1945, à la fin de l’occupation japonaise, Hô Chi Minh avait proclamé l’indépendance mais l’armée française mena une guerre de reconquête. En 1954, à Diên Biên Phû, les troupes vietnamiennes lui infligèrent une sévère défaite. La France dut reconnaître l’indépendance du Vietnam lors des accords de Genève, en juillet 1954, mais elle imposa une partition du pays au niveau du 17e parallèle. Dans le Sud, une République du Vietnam, toujours dominée par l’impérialisme, s’imposa par la terreur. La dictature de Ngô Dinh Diêm emprisonnait ses opposants par milliers. Les riches propriétaires fonciers purent reprendre les terres que les paysans pauvres s’étaient partagées et avaient mises en valeur durant les années de guerre. Leur colère favorisa le développement d’un mouvement nationaliste : le Front national de libération (FNL), dont les combattants étaient soutenus par le Vietnam du Nord.

Les États-Unis dans la guerre

Dès 1955, les États-Unis, prenant le relais de la France, envoyèrent des « conseillers militaires » dont le nombre ne cessa de croître. De fait, la guerre du Vietnam commençait. Les avions et hélicoptères américains bombardèrent les campagnes du Sud, brûlant tout, y compris les villageois. Malgré ces massacres, les combattants du FNL tinrent avec le soutien de la majorité des paysans. Les troupes américaines aidèrent le gouvernement du Sud à regrouper ces paysans dans des villages, véritables camps de concentration. Des armes chimiques comme le napalm ou l’agent orange furent utilisées massivement. Mais la rébellion continua de progresser.

En 1965, les dirigeants américains furent contraints d’officialiser et d’étendre leur intervention militaire. Leurs forces armées commencèrent à bombarder les campagnes, les ports et les villes du Nord. En 1968, un demi-million de soldats américains combattaient au Vietnam, sans pour autant venir à bout de la rébellion. Des milliers de femmes et d’hommes du Nord se portaient volontaires pour conduire, sous les bombes américaines, les camions de ravitaillement en armes et en nourriture destinés aux combattants du Sud. Au Nord, Hô Chi Minh dirigeait une dictature stalinienne qui s’était imposée en s’opposant à toute mobilisation de la classe ouvrière et en faisant assassiner les militants trotskystes. Mais il avait le soutien de la population contre le gouvernement du Sud à la solde de l’impérialisme.

Cette sale guerre finit par susciter l’hostilité d’une partie croissante de la population américaine. À partir de 1966, la contestation s’amplifia car le gouvernement, en mal de volontaires, imposa la conscription. La majorité des rejetons des classes aisées continuèrent à y échapper, mais de plus en plus d’étudiants étaient enrôlés. Les morts se comptaient par dizaines de milliers et de plus en plus de jeunes soldats étaient traumatisés par ce qu’on leur faisait faire. Face aux horreurs, à la torture, aux massacres de civils, aux villages incendiés, seule la drogue les aidait à tenir. Des vétérans du Vietnam se mirent à manifester contre la poursuite de cette guerre. Les États-Unis n’avaient jamais été confrontés à une telle contestation.

Bien des soldats envoyés au Vietnam étaient issus de la population afro-américaine, alors même que la lutte pour l’égalité des droits était de plus en plus vive en son sein. Pour la population noire, cette guerre n’était pas la sienne. « Aucun Vietnamien ne m’a jamais traité de sale Nègre », déclara le champion de boxe Mohamed Ali en refusant son incorporation dans l’armée. Pendant que des émeutes éclataient dans les ghettos des grandes villes, des soldats noirs allaient jusqu’à organiser des mutineries dans la puissante armée des États-Unis.

La difficile sortie du bourbier

En 1968, les dirigeants américains comprirent qu’ils devaient sortir de ce bourbier et pour cela engager des négociations avec le Nord-Vietnam. Autrement dit, leur politique d’endiguement du communisme des années de la guerre froide pour empêcher les peuples de contester leur domination était inefficace. Mais ils savaient bien que les dirigeants de l’URSS avaient été leurs alliés pour empêcher toute révolte à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Alors, avant d’abandonner le régime du Sud-Vietnam, ils voulurent s’assurer du concours de l’URSS et de la Chine pour le contrôle de l’Asie du sud- est. Comme attendu, ils furent bien reçus. En 1972, le président américain Nixon se rendit dans ce but à Moscou puis à Pékin, avant de s’engager vers la reconnaissance officielle de la Chine populaire. De son côté, celle-ci démontra sa bonne volonté envers l’impérialisme en aidant à l’écrasement d’une révolte pourtant d’inspiration maoïste à Ceylan (actuel Sri Lanka) et en appuyant le Pakistan contre la sécession du Bangladesh.

En 1973, les négociations se conclurent par un accord mettant fin à la guerre. Les derniers soldats américains furent rapatriés, mais le régime du Sud-Vietnam mit encore deux ans à s’écrouler sous la poussée des combattants du FNL.

Durant toute cette guerre, les États-Unis avaient déversé sur le pays plus de tonnes de bombes et d’explosifs que lors de toute la Deuxième Guerre mondiale. Ils laissaient derrière eux des tonnes de bombes enfouies dans la terre, des armes chimiques, des produits hautement toxiques comme l’agent orange qui allaient tuer encore pendant des décennies des générations de Vietnamiens. Le pays était certes réunifié, mais il sortait totalement épuisé de trente ans de guerre. De plus, la situation restait lourde de conflits dans la région, du fait de la concurrence entre les régimes nationalistes du Vietnam, du Cambodge et du Laos.

L’impérialisme américain avait subi une déroute malgré son armement largement supérieur, face à une population vietnamienne qui s’était battue avec un courage et une détermination extraordinaires. Il n’en allait pas moins continuer à dominer le monde. La population vietnamienne le paya et continue à le payer très cher puisque, malgré l’indépendance conquise, elle reste exploitée par sa propre bourgeoisie et par l’impérialisme.

C’est à l’échelle internationale que l’impérialisme doit être abattu. Cela ne fait pas partie des objectifs des dirigeants nationalistes, même quand ils se réclament du communisme, comme c’était le cas de ceux du Pc vietnamien. Mais cela doit en être un pour les peuples du monde.

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