France-Algérie : les immigrés pris en otages16/04/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/04/une_2959-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

France-Algérie : les immigrés pris en otages

Quinze jours après la conversation téléphonique entre Macron et le président algérien Tebboune, et une semaine après la visite à Alger du ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, l’apaisement des relations promis entre la France et l’Algérie paraît déjà loin.

Ce nouvel épisode d’une crise qui dure depuis plusieurs mois, et qui a été déclenchée par la France, résulte de la mise en examen, vendredi 11 avril à Paris, de trois Algériens, dont un agent consulaire. Ils sont soupçonnés d’avoir participé à l’enlèvement et à la séquestration d’un Algérien réfugié politique en France. En retour, Alger a ordonné l’expulsion de douze agents de l’ambassade de France.

Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez, supérieur des policiers qui ont arrêté les trois hommes, nie bien sûr toute pression politique et se retranche derrière l’indépendance de la justice. Mais ce « hasard du calendrier » fait bien les choses pour le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, dont la politique de provocation à l’égard de l’Algérie avait été quelque peu désavouée par Macron et Barrot. Retailleau, en campagne pour la direction des LR, ne cesse depuis des mois de s’en prendre aux immigrés algériens, assimilés à des délinquants et à des terroristes, et de dénoncer une prétendue mauvaise volonté de l’Algérie de laisser rentrer sur son territoire les Algériens condamnés à être expulsés. Opportunément en voyage au Maroc, il a saisi l’occasion pour jouer sur l’opposition entre les régimes algérien et marocain, se félicitant de la bonne coopération avec Rabat sur le sujet de l’immigration et se vantant d’une augmentation de 60 % des expulsions vers le Maroc en janvier- février 2025 par rapport à la même période l’année dernière. Il a même annoncé la création d’un groupe de travail franco-marocain pour vérifier la nationalité des immigrés en situation irrégulière en France et faciliter ainsi leur expulsion dans leur pays d’origine.

Les intérêts de l’impérialisme français en Algérie et au Sahel peuvent amener Barrot, ou Macron lui-même, à trouver un moyen d’apaiser la situation avec le régime algérien. Mais cette succession de crises diplomatiques se fait aux dépens des travailleurs immigrés, algériens, marocains et de toutes nationalités. Ils subissent la démagogie xénophobe à laquelle se livrent la droite et l’extrême droite française, ainsi que le durcissement bien réel des conditions d’entrée et de séjour en France, dont Macron est tout aussi responsable que Retailleau.

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