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Leur société
À gauche : prêts à servir le capital
Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, l’a de nouveau affirmé : il répondra « positivement » si le PS est appelé à Matignon.
Cette option a semblé se rapprocher depuis que, le 7 octobre au soir, Élisabeth Borne a suggéré, dans les colonnes du Parisien, la « suspension » de la réforme des retraites qu’elle avait pilotée. C’est en effet la condition avancée par le PS pour sa collaboration à l’éventuel nouveau gouvernement.
« Il y a une sortie de crise possible, c’est qu’enfin, monsieur Macron nomme un Premier ministre de gauche, qu’il permette à des responsables de gauche de mettre en place des mesures qui répondent aux besoins des Français », a ajouté Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste français.
Le 7 octobre, après une première réunion regroupant Les Écologistes et La France insoumise, mais sans le PS ni le PCF, une autre débutait. Cette fois sans LFI, cette réunion regroupait le Parti socialiste, Les Écologistes et le PC. En fait, tous les partis de gauche se proposent depuis des mois pour gouverner. Si, à la différence du PS, le parti de Mélenchon appelle à la dissolution et à la démission de Macron et ne propose pas ses services tout de suite, c’est en espérant être dans une meilleure situation plus tard pour parvenir au gouvernement.
En réalité, tous ces responsables politiques de gauche proposent un plat agrémenté de promesses de justice sociale que les travailleurs ont déjà goûté. Fabien Roussel, partisan d’un gouvernement de coalition, propose par exemple une baisse de la CSG pour augmenter le pouvoir d’achat, « sans pénaliser » les entreprises, précise-t-il. C’est avouer qu’il n’a aucunement l’intention de s’en prendre aux profits des patrons.
Comment croire que ces partis de la gauche officielle mèneraient une politique différente de celle de la droite et de Macron alors qu’ils ne l’ont pas fait lorsqu’ils étaient au gouvernement, avec un président issu de leurs rangs et la majorité à l’Assemblée ? Sous Mitterrand, ils ont imposé le blocage des salaires, et les licenciements dans les entreprises nationalisées. Le gouvernement Rocard a institué de nouveaux impôts, comme la CSG et la CRDS. Celui de Jospin a lancé une vague de privatisations. Le président Hollande a décidé des aides au capital, lui qui s’était déclaré l’ennemi de la finance.
Les dirigeants de la gauche voudraient bien pouvoir remettre en marche une machine à illusions dont on a vu les effets. Les espoirs que nombre de travailleurs avaient mis en eux et qu’ils ont trahis ont entraîné leur démoralisation et favorisé ainsi la montée de l’extrême droite. Mais cette expérience est là, et beaucoup ne l’ont pas oubliée.
Il n’y a pas de sauveur suprême, comme le dit L’Internationale, le chant des travailleurs. Ceux-ci doivent refuser de confier leur sort à des partis de gouvernement qui, de la gauche au RN, se prosternent devant la loi du profit et qui, une fois au pouvoir, servent le grand capital.