Gaza : après deux ans de massacre, le plan Trump01/10/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/10/P8-1_Gaza_City_le_30_septembre_C_Saeed_M._M._T._Jaras_Anadolu_via_AFP.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C492_crop_detail.jpg

Dans le monde

Gaza : après deux ans de massacre, le plan Trump

Deux ans après le début de l’impitoyable guerre de destruction déclenchée par l’armée israélienne contre les Gazaouis, Trump a proposé le 29 septembre un plan de paix en vingt points.

Illustration - après deux ans de massacre, le plan Trump

Le plan Trump a été annoncé en présence du Premier ministre israélien Netanyahou qui, devant son parrain et principal fournisseur d’armes, n’a pu que l’approuver. Un plan de paix, quel qu’il soit, apparaît comme une lueur d’espoir pour les familles d’otages et les opposants à la guerre en Israël. Il pourrait offrir un répit provisoire à la population gazaouie affamée, contrainte de fuir sans cesse les bombes et privée de tout.

Ce plan équivaut à une reddition complète du Hamas, dont les dirigeants, au lendemain de l’annonce, ne s’étaient pas exprimés. Trump leur a laissé 72 heures pour donner leur réponse. En cas de refus de leur part, le président américain appuierait l’effort militaire israélien « pour finir le travail », selon les termes de Netanyahou. Comme si ce soutien avait jamais fait défaut un seul jour depuis le début de la guerre !

La première étape du plan de Trump propose l’arrêt immédiat des bombardements par l’armée israélienne suivi du retour de l’acheminement de l’aide humanitaire, sous le contrôle de l’ONU et du Croissant rouge, vers l’enclave soumise à une famine organisée. Dans la foulée, les derniers otages israéliens, vivants ou morts, devraient être libérés, avant que 250 prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité par Israël ne le soient à leur tour, ainsi que 1 700 Gazaouis arrêtés depuis le 7 octobre, qui sont eux aussi des otages en quelque sorte.

À l’issue de cette première phase, les combattants du Hamas devraient choisir entre l’exil forcé vers un pays non défini, ou leur désarmement complet et leur soumission à l’autorité d’un « comité palestinien technocratique et apolitique » lui-même chapeauté par un « Comité de la Paix » présidé par Trump lui-même, flanqué de l’ancien Premier ministre travailliste britannique Tony Blair. Cela reviendrait ainsi à transformer le territoire de Gaza en protectorat dirigé par les grandes puissances occidentales et dans lequel les Palestiniens n’auraient pas leur mot à dire.

Au fur et à mesure du déroulement de ce plan, avec destruction des derniers tunnels et démilitarisation des ruines de Gaza, l’armée israélienne est supposée reculer de quelques kilomètres. En attendant qu’une très hypothétique Force internationale de stabilisation (ISF), qui reste à constituer, se déploie à Gaza, l’armée israélienne continuerait d’occuper une large partie du territoire pour un long moment : « notre armée restera dans la majeure partie de Gaza » a réaffirmé Netanyahou.

Le plan Trump ne reprend pas les exigences des plus extrémistes des dirigeants israéliens. Il rejette explicitement la déportation forcée des Gazaouis, un moment envisagé pour bâtir la « Riviera du Moyen-Orient » mais qui se heurtait à une dure réalité : les Gazaouis refusent obstinément de partir malgré les bombes tandis qu’aucun État, arabe ou pas, ne veut accueillir ces damnés de la terre qui risquent d’apporter avec eux le ferment de la révolte. Trump a également rejeté toute annexion par Israël, tant de la Cisjordanie occupée que de Gaza détruite. Pour obtenir le soutien des États arabes, son plan mentionne même l’hypothèse d’un futur État qui correspond à « l’aspiration du peuple palestinien ». Mais ces mots n’auront, pas plus que depuis 80 ans, le moindre effet sur la vie des Palestiniens réfugiés, enfermés ou colonisés.

Netanyahou a d’autant plus facilement approuvé ce plan que, même s’il était accepté par le Hamas, il lui laisse les mains libres. Depuis deux ans, il y a eu plusieurs cessez-le-feu effectifs et plusieurs plans de paix envisagés, sans que Netanyahou n’arrête ni sa fuite en avant guerrière ni le massacre à Gaza. Certes, pour ménager le Qatar, pays allié des États-Unis et qui sert de médiateur pour négocier avec le Hamas, Netanyahou a dû s’excuser d’avoir bombardé un immeuble de Doha qui abritait des chefs du Hamas. Quant à la ligne rouge fixée par Trump, ni annexion de la Cisjordanie ni colonisation de Gaza par des Israéliens, des objectifs difficiles à mettre en œuvre sans exterminer ou déporter les Palestiniens, elle permet à Netanyahou de tenter de calmer ses alliés d’extrême droite en s’abritant derrière le veto américain.

En attendant, pendant que Trump et Netanyahou se livraient à leur mise en scène devant les caméras de télévision, la guerre continuait à Gaza, avec des dizaines de morts chaque jour.

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