Gaza : dirigeants arabes complices d’Israël18/06/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/06/une_2968-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Gaza : dirigeants arabes complices d’Israël

Le 13 juin, dans le cadre de la Marche mondiale vers Gaza organisée par diverses ONG, des milliers de personnes en provenance d’une cinquantaine de pays, s’étaient donné rendez-vous au Caire.

Il s’agissait de marcher vers Gaza pour protester contre le génocide et le blocus israélien. Le 9 juin, à partir de la Tunisie, une caravane de 80 bus et de 400 voitures appelée Soumoud (persévérance) a tenté de se diriger vers Le Caire. Regroupant des militants, des médecins, des hommes et des femmes de tout le Maghreb et de tout âge, la caravane a suscité un élan de solidarité et d’espoir sur son passage. En Algérie, où les manifestations de soutien aux Palestiniens sont interdites, les bus ont quitté Alger en toute discrétion. Certains ont exprimé leur déception d’avoir découvert leur existence après leur départ et de n’avoir pu y participer.

Ce convoi, qui devait atteindre l’Égypte avant le 15 juin pour rejoindre la Marche mondiale vers Gaza, a cependant été stoppé à Syrte, dans l’est de la Libye sous contrôle du maréchal Haftar, allié du régime égyptien. Treize militants tunisiens, algériens, libyens et soudanais ont été arrêtés, dont ceux qui relayaient le périple de la caravane sur les réseaux sociaux. Ainsi stoppée, la caravane a dû se replier sur Tunis.

Au Caire, des centaines de personnes ont été refoulées dès leur arrivée à l’aéroport. Certaines ont été appréhendées à leur hôtel. Deux cents participants qui avaient réussi à passer ces barrages ont été arrêtés avant de rejoindre ceux qui s’étaient rassemblés à Ismaïlia. Ces derniers ont été brutalement frappés par des agents en civil. Les organisateurs se sont dits surpris de cette répression car ils se sont conformés à toutes les exigences des ambassades égyptiennes dans plus de quinze pays.

Pourtant, si les dirigeants égyptiens se présentent comme les médiateurs de la paix et condamnent officiellement le siège en cours de Gaza, ils en sont complices. En effet, les autorités mènent la vie dure aux 100 000 Gazaouis qui ont réussi à fuir l’enfer de l’enclave en versant des milliers de dollars à des supplétifs de l’armée égyptienne. Soumis à une surveillance étroite, leurs enfants ne sont pas scolarisés. Depuis le 7 octobre 2023, des milliers de personnes ont été emprisonnées pour avoir manifesté leur solidarité avec les Gazaouis.

L’Égypte est le deuxième bénéficiaire – 1,3 milliard de dollars – de l’aide militaire américaine après Israël, avec lequel elle entretient des liens économiques et militaires étroits. Il n’est donc pas surprenant qu’elle obéisse à l’injonction du ministre de la Défense israélien d’empêcher l’arrivée de ces manifestants qu’il qualifie de djihadistes.

Si cette caravane n’a pas réussi à briser le blocus, elle souligne le fossé qui existe entre les peuples arabes, sincèrement révoltés du génocide en cours à Gaza, et leurs dirigeants. Le soutien de ceux-ci aux Gazaouis n’est qu’hypocrisie ; c’est une évidence pour l’Égypte, les monarchies du Golfe et le Maroc, qui a récemment accueilli sur son sol les manœuvres militaires African Lion sous commandement américain, auxquelles participait l’unité israélienne Golani, responsable du massacre le 23 mars à Rafah de quinze ambulanciers et secouristes. C’est vrai aussi pour l’Algérie et la Tunisie, qui prétendent avoir fait de la cause palestinienne un étendard.

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