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Dans le monde
Gaza : Israël soutient les gangs criminels
L’armée israélienne maintient le blocus de Gaza, ne laisse passer que quelques camions de vivres bien insuffisants pour nourrir deux millions d’habitants et impose que leur distribution soit organisée dans des centres militarisés.
Avigdor Lieberman, un ancien ministre de la Défense, lui-même d’extrême droite mais concurrent de Netanyahou, vient de confirmer que le gouvernement « transfère des armes à des groupes de voyous et de criminels ».
Il ne fait que rendre publique une réalité que les Gazaouis subissent depuis plusieurs mois. Le chaos engendré par deux ans et demi de bombardements et de destructions, les déplacements forcés de la population, les pénuries des produits indispensables pour survivre, la recherche d’un moyen de quitter au prix fort l’enfer de Gaza, ne pouvaient que favoriser les pillards et les trafiquants. Mais, si ce chaos a permis à des criminels emprisonnés par le Hamas de retrouver leur liberté, il n’explique pas tout.
Les dirigeants israéliens ont fait le choix cynique de faciliter le développement de certains gangs, en les armant et en les mettant à l’abri de la répression du Hamas. Netanyahou lui-même a reconnu publiquement avoir « activé » des clans à Gaza. Ainsi le gang de Yasser Abou Shebab, emprisonné pour trafic de drogue avant le 7 octobre 2023 a pu trouver refuge dans les zones sous contrôle de l’armée israélienne. Il a recruté plus d’une centaine d’hommes de main et dispose d’armes flambant neuves qui lui ont permis d’attaquer les convois des ONG pendant que leurs agents de sécurité subissaient les tirs israéliens.
Le calcul des dirigeants israéliens est double. Ces gangs aggravent le quotidien des Gazaouis en détruisant les forts liens de solidarité qui permettent la survie de la population. Cela rend encore plus impossible le maintien des Palestiniens dans l’enclave et peut les pousser au départ. En favorisant l’emprise de ces gangs, Netanyahou, qui refuse toute solution politique permettant de restaurer une autorité palestinienne à Gaza, vise à concurrencer et affaiblir encore davantage le Hamas alors que le massacre en cours des Gazaouis n’a pas réussi à l’éliminer.
Les dirigeants israéliens reprennent, contre le Hamas, la politique qu’ils avaient menée, dans les années 1980-1990, contre le Fatah de Yasser Arafat. Ils avaient alors favorisé les Frères musulmans, puis le Hamas, la branche politico- militaire qui en est issue. Cela avait aidé les islamistes à prendre le pouvoir à Gaza, en gagnant les élections fin 2006 mais surtout en éliminant physiquement les cadres du Fatah.
Les gangs, qui sont avant tout des criminels, semblent se donner un vernis politique. Sur les réseaux sociaux, Abou Shebab prétend incarner « la voix d’un peuple fatigué du chaos, du terrorisme et de la division ». De son côté, Lieberman affirme qu’il serait « proche de l’État islamique ». Quoi qu’il en soit, on voit que les dirigeants israéliens n’ont pas plus de scrupules aujourd’hui qu’hier et sont prêts à financer des groupes islamistes mafieux pour combattre leurs ennemis du moment. De plus, ils n’ont rien appris car s’ils y trouvent leur compte, les gangs mafieux que les dirigeants israéliens soutiennent aujourd’hui à Gaza pourront, demain, faire allégeance à telle ou telle mouvance que leur politique criminelle et celle de l’impérialisme au Moyen-Orient et en Afrique fait émerger. Si les Palestiniens subissent aujourd’hui dans leur chair cette incessante politique du pire, elle peut très bien revenir en boomerang sur les dirigeants israéliens.