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Gaza : les Palestiniens massacrés et affamés
Dimanche 20 avril, les résultats de l’enquête interne ouverte par l’armée israélienne suite à la mort de 15 secouristes palestiniens ont été rendus publics. Sans surprise, celle-ci réfute l’accusation d’avoir voulu assassiner certains de ces secouristes, mais elle doit tout de même reconnaître « une erreur », précisant qu’un officier sera suspendu.
Tout montre pourtant bien qu’il s’agissait d’une exécution menée en toute connaissance de cause. Les secouristes palestiniens ont été tués le 23 mars près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, alors qu’ils circulaient à bord de leurs ambulances. Celles-ci étaient parfaitement identifiables, comme l’a prouvé une vidéo récupérée sur le téléphone portable d’une des victimes, contredisant une première version israélienne. Enfin, les corps des secouristes ont été retrouvés plusieurs jours après la fusillade, enterrés dans le sable, dans ce que le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a qualifié de « fosse commune ».
Cet épisode ne fait qu’illustrer, parmi bien d’autres, la réalité du massacre auquel depuis 18 mois, l’armée israélienne se livre cyniquement dans la bande de Gaza, et qui a fait plus de 50 000 morts. Depuis la fin de la trêve, le 18 mars, elle multiplie les bombardements, jour et nuit, visant les quelques habitations non encore détruites, des campements, des écoles accueillant des réfugiés…
Les autorités israéliennes ont commencé à constituer des « zones tampon », aux frontières de Gaza, expulsant leurs habitants. On estime à 250 000 le nombre des Palestiniens contraints d’évacuer Rafah et ses environs depuis la reprise de la guerre. Le porte-parole de l’armée israélienne a déclaré, lundi 21 avril, qu’une zone tampon, vidée de tous ses habitants, serait créée dans le sud de Gaza, depuis la frontière égyptienne jusqu’à la périphérie de Khan Younès – soit plus de cinq kilomètres – incluant donc toute la ville de Rafah.
Conséquence du blocus israélien sur l’aide humanitaire qui, depuis le 2 mars, ne peut plus rentrer dans Gaza, la famine s’aggrave et l’aide humanitaire est « menacée d’un effondrement total », d’après un communiqué commun de douze ONG. En dépit de cette situation dramatique, le gouvernement israélien vient de recevoir l’appui du nouvel ambassadeur américain nommé à Jérusalem, Mike Huckabe. « Nous appelons le Hamas à signer un accord, afin que l’aide humanitaire puisse entrer dans Gaza pour ceux qui en ont désespérément besoin », a-t-il déclaré.
Fort du soutien américain, Netanyahou affiche plus que jamais sa volonté de poursuivre la guerre « jusqu’à la destruction du Hamas ». Contesté par une partie de la population israélienne qui lui reproche de sacrifier les otages – 58 sont toujours retenus à Gaza par le Hamas, dont 35 seraient morts – le Premier ministre israélien a besoin, pour se maintenir au pouvoir, du soutien de l’extrême droite. L’un de ses représentants au gouvernement, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, n’hésite pas à déclarer : « Le retour des otages n’est pas l’objectif le plus important », et multiplie les appels à réoccuper totalement Gaza.
Face à ce camp des partisans de la guerre et de la colonisation, des milliers d’Israéliens continuent de se faire entendre en manifestant tous les samedis. Des réservistes n’hésitent pas à rendre public leur refus de continuer une guerre dont on ne voit pas la fin, et certains dénoncent le massacre de Palestiniens innocents. C’est de ce côté que se situe l’espoir. Il ne sera pas possible de sortir de l’impasse actuelle sans remettre en cause les politiques qui y ont conduit. Car Netanyahou ne fait que poursuivre en les aggravant, celles qu’ont menées ses prédécesseurs à la tête de l’État israélien depuis 1948, fondées sur la négation totale des droits des Palestiniens et leur oppression.