Gaza : par les bombes et la faim, le massacre continue21/05/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/05/P11-1_Israel_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-41%2C0%2C943%2C508_crop_detail.jpg

Dans le monde

Gaza : par les bombes et la faim, le massacre continue

Le Premier ministre israélien Netanyahou a ordonné, dimanche 18 mai, la « reprise immédiate de l’aide humanitaire de base » à Gaza, essentiellement pour des « raisons diplomatiques », a-t-il déclaré, faisant allusion aux pressions exercées par Trump, préoccupé de resserrer ses liens avec les États arabes de la région.

Illustration - par les bombes et la faim, le massacre continue

La mesure a été approuvée lors d’une réunion du cabinet de sécurité, mais les ministres n’ont pas procédé à un vote car nombre d’entre eux s’y sont déclarés hostiles, affirmant qu’aucune aide ne devait reprendre. Cette opposition émanait surtout de l’extrême droite, qui compte plusieurs ministres au sein du gouvernement et dont le soutien est indispensable au maintien au pouvoir de l’actuelle coalition. L’un d’entre eux, Smotrich, ministre des Finances, avait déclaré trois semaines auparavant : « Si une seule goutte d’aide humanitaire entre [à Gaza] et parvient au Hamas, je quitterai le gouvernement. » Pour le moment, il a fait le choix de conserver son poste, mais l’extrême droite se mobilise. Le groupe Tzav 9, créé en janvier 2024 et qui avait déjà bloqué des camions d’aide en route vers Gaza, a appelé ses militants à reprendre ces actions.

Pourtant, l’aide en question ne constitue qu’« une goutte d’eau dans l’océan », selon l’expression d’un responsable de l’ONU. En effet, seuls neuf camions auraient pu entrer à Gaza le 19 mai. D’après un porte-parole d’une agence onusienne, le gouvernement israélien serait prêt à autoriser 100 camions d’aide par jour, alors qu’ils étaient plus de 600 durant la trêve entre le 19 janvier et le 18 mars. C’était déjà très loin d’être suffisant, et la situation de la population s’est encore aggravée après onze semaines d’un blocus la privant totalement de nourriture, de médicaments, d’électricité et de fuel. Depuis le 18 mars, en plus de ces privations, les Gazaouis subissent jour et nuit des bombardements de plus en plus meurtriers visant des hôpitaux, des camps de toile… Depuis la reprise de la guerre, plus de 3 300 Palestiniens ont été tués et plus de 9 300 blessés, dont beaucoup d’enfants. Au total, près de 62 000 Palestiniens ont trouvé la mort depuis octobre 2023.

Si l’on en croit l’objectif proclamé par Netanyahou et par l’extrême droite, la reprise de la guerre viserait à occuper entièrement le territoire de Gaza pour « anéantir le Hamas ». Mais ce n’est pas la conquête de Gaza et son occupation qui peuvent garantir la sécurité de la population israélienne, bien au contraire.

Heureusement, en son sein s’exprime depuis des mois une opposition à la politique de guerre à outrance de Netanyahou. Des manifestations, réunissant souvent des milliers de personnes, ont lieu chaque semaine à Tel Aviv et dans de nombreuses villes du pays. Beaucoup expriment ainsi leur sentiment que Netanyahou se moque totalement de sacrifier les otages. Mais, parmi ces manifestants, une minorité exprime aussi de plus en plus sa révolte devant le sort subi par les Palestiniens. Depuis plusieurs semaines, des centaines de personnes se réunissent silencieusement devant l’entrée du quartier général de l’armée à Tel Aviv, brandissant des bougies et des photos d’enfants palestiniens tués depuis le 18 mars.

Par son cynisme, sa brutalité et son mépris revendiqué de la vie des Palestiniens et des Israéliens eux- mêmes, Netanyahou commence à susciter une contestation au sein de sa population. Et, en effet, sortir de l’impasse actuelle ne sera possible qu’en mettant en cause les politiques qui y ont conduit, et ceux qui les ont menées. Les divisions et les guerres sont l’œuvre des classes dirigeantes locales et des puissances impérialistes, qui s’en servent pour asseoir leur domination sur les peuples.

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