Gilets jaunes : cahiers accessibles, “doléances” aux oubliettes06/05/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/05/P4-3_Gilets_jaunes_en_novembre_2018_%C3%A0_Ressons_dans_lOise_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C166%2C477%2C434_crop_detail.jpg

Leur société

Gilets jaunes : cahiers accessibles, “doléances” aux oubliettes

Un arrêté signé de Bayrou et de la ministre de la Culture vient d’ouvrir au public les 19 900 cahiers de doléances rédigés de janvier à mars 2019 par environ 200 000 hommes, femmes et même enfants à la suite de la mobilisation des Gilets jaunes.

Illustration - cahiers accessibles, “doléances” aux oubliettes

Conservés par les départements dans des cartons d’archives, ces cahiers n’étaient jusqu’à présent accessibles qu’aux chercheurs. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs déjà publié, dans des études, des articles ou des documentaires, des statistiques partielles ou des extraits de contributions touchantes. Ainsi la réalisatrice Hélène Desplanques a-t-elle cité, entre autres témoignages, dans son documentaire Les Doléances, les lignes suivantes : « Monsieur le Président, j’aimerais que vous expliquiez à ma fille de cinq ans pourquoi maman ne met pas le chauffage partout dans la maison », écrit une mère de famille de Libourne. Elle cite, émanant d’un habitant de l’Avesnois : « Nous sommes le sol sur lequel vous marchez. Vous êtes de plus en plus nombreux et lourds. De plus en plus lourds. Ça ne peut pas durer. On va se soulever, ou s’effondrer. Et c’est vous qui allez tomber de haut. Pas nous, puisque nous sommes le sol sur lequel vous marchez. »

Faisant mine de répondre à la colère qui s’était exprimée dans les manifestations et sur les ronds-points au dernier trimestre 2018, Macron avait initié ce fameux « Grand débat national », et promis de rendre publics les comptes rendus des réunions organisées localement, des contributions en ligne et des cahiers de doléances. L’incendie de Notre-Dame de Paris puis la pandémie de Covid lui avaient rapidement fourni l’occasion de parler d’autre chose.

Pourtant, dès octobre 2018, les revendications étaient claires et concernaient d’abord, à une forte majorité, le pouvoir d’achat des travailleurs en activité, au chômage ou en retraite, l’emploi et les difficultés croissantes d’accès à la santé. Six ans et quatre élections plus tard, simplement accrues par les nouvelles attaques patronales mises en œuvre par les gouvernements, les raisons de la colère demeurent. Archivées ou disponibles pour le public, elles sont là. Mais il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre…

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