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Dans le monde
Grande-Bretagne : liberté... de se taire
Samedi 10 août devant le Parlement britannique, la police a arrêté 532 manifestants. Leur crime ? Une pancarte écrite sur place déclarant : « Je m’oppose au génocide, je soutiens Palestine Action ».
Depuis le 2 juillet, appartenir à l’organisation Palestine Action, ou juste la soutenir, est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 14 ans de prison. À l’initiative de la ministre de l’Intérieur et avec l’appui de 385 députés, cette association a en effet été interdite suite à l’intrusion de plusieurs de ses militants dans une base militaire et au jet de peinture rouge sur un bombardier de la Royal Air Force. Une action purement symbolique, bien insuffisante pour entraver le massacre en cours à Gaza – mais pour le gouvernement du travailliste Starmer, pas question de tolérer une telle contestation de l’impérialisme et du militarisme.
Ces arrestations de protestataires pacifiques, au nom de la lutte contre le terrorisme, ont choqué, tant il est évident que le gouvernement est beaucoup moins gêné par le terrorisme utilisé par Netanyahou contre les Palestiniens. La Grande-Bretagne continue de collaborer militairement avec l’État d’Israël, et Starmer semble moins pressé encore que Macron de reconnaître sur le papier un État palestinien.
Au sein du monde du travail, ceux qui en juillet 2024 ont voté pour le Parti travailliste, avec bien des réserves mais en espérant une politique « moins pire » que celle des conservateurs, en sont pour leurs frais. Dans ce pays qui se targue d’être « la plus vieille démocratie du monde », la répression envers les militants, écologistes et pacifistes notamment, se durcit au fil des mois.
Ce serrage de vis vise-t-il aussi à faire apparaître Starmer comme un homme fort, afin de couper l’herbe sous le pied d’une extrême droite en progrès, qui accuse le gouvernement d’être incapable de stopper les arrivées de migrants par la Manche ? Pour l’heure, loin de mettre le gouvernement travailliste à l’abri d’éventuelles réactions populaires face au budget d’austérité qui sera annoncé à l’automne, les menottes et l’arbitraire alimentent le mécontentement.