Grande-Bretagne : les migrants pris comme boucs émissaires03/09/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/09/P12-1_Rassemblement_en_soutien_aux_migrants_le_23_ao%C3%BBt_dans_le_sud_de_Londres_C_Ben_Stansall_AFP.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C492_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : les migrants pris comme boucs émissaires

Depuis la mi-juillet, en Grande-Bretagne, des rassemblements xénophobes ont eu lieu tous les week-ends devant des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile. La colère sociale, manipulée par l’extrême droite, trouve ainsi un exutoire qui arrange bien la classe dirigeante.

Illustration - les migrants pris comme boucs émissaires

Début juillet à Epping, au nord-est de Londres, un réfugié a été accusé de harceler sexuellement une adolescente de la localité. La police a fait son enquête mais cela n’a pas suffi à l’extrême droite, qui s’est emparée de l’affaire pour mener une agitation nationale contre tous les migrants. Non seulement ceux-ci mettraient en danger les enfants, mais ils seraient privilégiés par rapport à la population née en Grande-Bretagne puisque l’État met un toit au-dessus de leur tête. Comme si vivre avec l’équivalent de neuf euros par jour sans avoir le droit de travailler était une bénédiction !

Les regroupements de cet été, gros de dizaines voire de centaines de personnes, n’ont pas débouché sur la même violence qu’il y a un an, lorsque le meurtre de trois fillettes à Southport et les rumeurs l’entourant avaient conduit à des émeutes. Mais on retrouve à l’initiative la même nébuleuse fascisante, toujours prête à utiliser les mécontents, de plus en plus nombreux à mesure que la crise s’aggrave, comme masse de manœuvre, et à détourner leur rage.

Comme l’an passé, le démagogue Nigel Farage et son parti Reform UK, qui ont fait du rejet des étrangers leur fonds de commerce, tentent d’occuper le terrain, au point d’appeler désormais à des « déportations de masse ». Et, comme l’an passé, le Parti conservateur n’est pas en reste, s’affichant aux côtés des agitateurs racistes, drapeau anglais ou britannique à la main.

Mi-août, répondant favorablement à une demande du conseil municipal conservateur d’Epping, la justice a sommé l’hôtel visé par les premiers rassemblements de ne plus héberger de demandeurs d’asile, encourageant des dizaines d’autres conseils municipaux à engager la même procédure antimigrants. Cette décision, véritable victoire morale pour l’extrême droite, a depuis été suspendue. Mais les réactionnaires ne désarment pas et le sort des 30 000 réfugiés parqués dans près de 200 hôtels reste incertain.

En effet, où qu’ils soient hébergés, les réfugiés deviennent des cibles. Par électoralisme, le gouvernement du travailliste Starmer présente lui aussi l’immigration comme un problème. En traitant les migrants comme des objets d’échange avec la France, en annonçant le 1er septembre un durcissement du regroupement familial, le Labour, son parti, apporte de l’eau au moulin de l’extrême droite, dont l’avance croît régulièrement dans les sondages.

Le 13 septembre, le nationaliste anglais Tommy Robinson, sorti de prison fin juillet et soutenu par Elon Musk, appelle à une manifestation pour la « liberté d’expression », en fait pour le droit de faire des migrants des victimes expiatoires.

Ce nationalisme réactionnaire condamne une fraction des classes populaires à vivre dans la peur et toute la classe ouvrière à la division et à l’impuissance. Fort heureusement, des manifestations antiracistes ont lieu, même si cela ne suffira pas. La vraie responsable de la crise est la bourgeoisie, et contre elle l’union entre travailleurs au-delà des différences sera la meilleure arme.

Partager