Grande-Bretagne : un succès de l’extrême droite17/09/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/09/une_2981-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : un succès de l’extrême droite

Samedi 13 septembre, plus de 100 000 personnes ont manifesté au centre de Londres à l’appel de l’agitateur xénophobe Tommy Robinson. C’est un succès inquiétant.

Derrière ce rassemblement au nom de la « liberté d’expression » et de « l’unité du royaume » (Unite the Kingdom), dont l’ampleur a dépassé les pronostics, l’extrême droite était à l’initiative, avec pour thème de ralliement le rejet de l’immigration. Des groupuscules aux références fascistes et nazies étaient visibles au milieu d’une marée de drapeaux britanniques (l’Union Jack) et anglais (la croix de Saint-George), qui a envahi les avenues autour des bâtiments parlementaires et gouvernementaux.

Sur écran géant, le ton a été donné par des orateurs unis dans la haine des étrangers et le respect de l’ordre capitaliste, parmi lesquels – outre Robinson – le milliardaire Elon Musk, un représentant des nationalistes allemands de l’AfD et Éric Zemmour. Les uns après les autres, ils ont vomi leurs délires sur le « grand remplacement » des Blancs par les Noirs, appelé aux croisades pour sauver la « civilisation », et salué la mémoire de feu Charlie Kirk.

Si une vingtaine de policiers ont été blessés lors d’affrontements avec les plus excités des manifestants, seules 24 arrestations ont eu lieu, un chiffre à comparer aux 900 arrestations de manifestants pro-Palestine le samedi précédent. Le Premier ministre travailliste, Keir Starmer, a eu beau condamner en paroles ceux qui alimentent « la violence, la peur et la division », son gouvernement use donc de la répression avec une indulgence variable.

Pour tous ceux qui, à l’extrême droite, cherchent à canaliser le ressentiment face à la crise sociale, cette manifestation est une victoire d’étape dans une campagne prolongée – même si le démagogue Nigel Farage, qui veut afficher sa respectabilité, n’y a pas participé. Déjà à l’été 2024, en instrumentalisant le meurtre de trois fillettes, Robinson et Farage avaient contribué à des émeutes dans une trentaine de villes. Cet été, les mêmes ont attisé la haine en appelant à des rassemblements devant des hôtels hébergeant des migrants, sous le prétexte de protéger les adolescentes britanniques. Aujourd’hui confortés, ils aggravent les menaces visant les travailleurs perçus comme immigrés.

En fait, cette poussée xénophobe vient de plus loin. Après la crise de 2008, les politiciens de tous bords ont fait diversion en mettant le délitement de la société au compte de l’UE et surtout des immigrés, à coups d’arguments fétides qui ont explosé dans la campagne pour le Brexit en 2016. Depuis, la propagande antimigrants n’a jamais cessé du côté du Parti conservateur, et le Parti travailliste – tout aussi soucieux de faire que la colère populaire ne vise pas les capitalistes – n’a pas été en reste. Ainsi, depuis son accès au pouvoir en juillet 2024, Starmer n’a cessé de durcir son discours et ses actions contre les demandeurs d’asile.

Le 13 septembre, la contre-manifestation des antiracistes n’a pas regroupé plus de 5 000 personnes et l’appel de Robinson a visiblement attiré des hommes et des femmes de milieu populaire, dont le mécontentement face aux difficultés quotidiennes et le dégoût vis- à-vis des partis de gouvernement trouve dans le refus des migrants une forme d’exutoire. « Ils aboient au pied du mauvais arbre », dit une expression anglaise.

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