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Dans le monde
Guerre et business
En Alaska puis à Washington, les discussions autour de la guerre en Ukraine n’ont, semble-t-il, pas abordé son aspect économique.

Et si les communiqués officiels n’en ont pas dit grand-chose, c’est qu’ils n’ont pas pour but d’éclairer sur les intérêts économiques que cachent les propos des dirigeants du monde quand ils parlent des conditions d’un retour à la paix en Ukraine.
On sait que la reconstruction de ce pays dévasté par la guerre se chiffre déjà en centaines de milliards d’euros. Et les dirigeants des puissances occidentales, qui en salivent, cherchent à placer au mieux leurs capitalistes sur ce marché. C’est cela, bien plus que leur souci proclamé de soutenir Zelensky, qui explique les contorsions des Macron, Merz et Starmer pour se faufiler à la table des pourparlers sur l’Ukraine, dont Trump et Poutine les tenaient écartés. Macron et Starmer ont, depuis des mois, proposé d’envoyer des soldats français et britanniques en Ukraine pour, à les en croire, assurer sa sécurité militaire. En fait, il s’agit pour eux d’occuper le terrain, au propre comme au figuré, afin d’installer leurs industries d’armement comme fournisseurs privilégiés de l’armée de Kiev, tout en ne laissant pas les États-Unis récupérer l’essentiel des richesses économiques de l’Ukraine. D’ailleurs, la guerre qui fait rage n’empêche nullement de grands groupes – dont des banques européennes telle la filiale du Crédit agricole en Ukraine – d’afficher des résultats florissants en prenant toujours plus de place dans l’économie de ce pays.
Quant à l’activité de grands groupes occidentaux en Russie, les médias en parlent encore moins. La chaîne américaine CNN fait exception qui titrait, le jour du sommet en Alaska : « Les États- Unis et l’Europe continuent de faire des milliards de dollars d’affaires avec la Russie malgré des années de guerre ». Certes, les échanges de la Russie avec l’Amérique et l’Europe ont respectivement chuté de 90 % et 86 % depuis 2022. Mais l’enquête de CNN relève que « des centaines de firmes occidentales continuent d’opérer en Russie ». Elle signale aussi que si les exportations russes vers l’Occident ont évolué à la baisse dans les hydrocarbures, elles progressent s’agissant des engrais, de l’uranium, du plutonium et du nickel.
Il y a quelques mois, lorsque Trump obligea Zelensky à céder les terres rares ukrainiennes à des firmes américaines, Poutine avait surenchéri. Signalant que les territoires ukrainiens tenus par la Russie étaient encore plus riches en métaux stratégiques, il avait ajouté que le Kremlin était ouvert à une collaboration avec les États-Unis pour exploiter ces ressources.
Le dîner de gala prévu à Anchorage a été annulé. Il n’en reste pas moins que la reprise et le développement des affaires, des échanges et finalement des profits figurent en bonne place au menu des pourparlers dits de paix. Et cela même si l’affaire reste dissimulée aux yeux des populations, qui doivent verser leur sang pour les intérêts des nantis et des capitalistes ukrainiens et russes, mais aussi américains et européens.